La contribution des étudiants au financement universitaire doit être rehaussée. La loi sur le 1 % pour la formation de la main-d'oeuvre est «inefficace» et doit être abolie. Et il est «anormal» d'accueillir des jeunes de 18 à 21 ans à l'aide sociale.

Dans son mémoire préparé en prévision du grand Rendez-vous sur la main-d'oeuvre, qui doit avoir lieu dans une semaine à Québec, la Fédération des chambres de commerce du Québec estime qu'il nous faudra faire une adaptation «sans précédent» au marché du travail.

Pourtant, elle se montre aussi optimiste, estimant que le Québec devrait bientôt renouer avec le plein emploi - «du jamais vu depuis 60 ans» -, a affirmé au cours d'une entrevue avec La Presse canadienne le président-directeur général de la Fédération, Stéphane Forget.

La Fédération propose un train de mesures qui risquent d'en faire sourciller plus d'un.

«Nous devons avoir le courage de dire qu'il est anormal et contre-productif d'accueillir les jeunes de 18 à 21 ans à l'aide sociale. Pour les jeunes sans contraintes sévères à l'emploi, l'âge d'admissibilité à l'aide sociale devrait clairement être repoussé à 21 ans», estime la Fédération dans son mémoire.

Au cours d'une entrevue, M. Forget a dit croire qu'il fallait offrir à ces jeunes une autre voie que l'aide sociale, comme des stages ou des parcours de formation.

La Fédération répète aussi le message, sans cesse réitéré depuis des années, voulant qu'il faille revaloriser la formation professionnelle et technique au Québec. M. Forget cite des chiffres d'Emploi Québec selon lesquels 450 000 emplois à ce niveau seront à pourvoir en 10 ans.

M. Forget plaide également pour qu'une plus grande marge de manoeuvre soit donnée aux cégeps en région, par exemple.

«Il y a des programmes qui ne s'ouvrent pas dans les cégeps en région, parce qu'ils n'ont pas atteint le nombre minimal d'étudiants requis, alors que les sept, huit, dix personnes qui pourraient étudier dans ce programme-là auraient un emploi demain matin», illustre-t-il.

Il plaide aussi pour la formation des travailleurs tout au long de leur vie. «Les collèges reçoivent leur financement en fonction des étudiants à temps plein au cégep. Donc quelle est la motivation réelle d'accroître la formation continue à temps partiel dans différents programmes? Il faut revoir notre mode de financement pour s'adapter au marché du travail», dit-il.

La Fédération milite aussi pour une hausse des droits de scolarité à l'université et une modulation selon le programme. «Les étudiants ne contribuent pas suffisamment au coût de leur propre formation», estime-t-elle.

La Fédération pose aussi un diagnostic sévère quant à la loi qui impose aux entreprises de consacrer 1 % de leur masse salariale à la formation. «L'obligation du 1 % n'est pas efficace et doit être abolie», affirme-t-elle.

Pour ce qui est de l'immigration, la Fédération estime qu'elle doit être davantage axée sur les besoins des entreprises. Québec a d'ailleurs consacré des efforts à ce chapitre dans sa dernière politique.

Dans la même veine, M. Forget estime que les exigences en matière de connaissance du français chez les immigrants éliminent des candidats de qualité. Il ne va pas jusqu'à demander de les abaisser, mais souligne que l'on peut favoriser l'apprentissage du français en milieu de travail.

Quant à son affirmation voulant que le Québec puisse bientôt atteindre le plein emploi, M. Forget l'explique par le fait qu'au cours des prochaines années, plus de travailleurs vont quitter le marché du travail que de gens vont y entrer.

«D'ici un certain nombre d'années, à moins qu'il y ait un cycle économique baissier, on va se retrouver dans une situation où il va y avoir un taux de chômage relativement bas, ce qui va compliquer la vie des employeurs et notre capacité de faire croître l'économie», conclut-il.