L'Impact a beau avoir gagné en cinq ans deux championnats canadiens, une place en finale de la Coupe des champions et trois laissez-passer en séries éliminatoires de la MLS, il se situe en milieu de peloton en termes d'assistance et de revenus et n'a jamais été rentable.

Le président du club, Joey Saputo, veut voir d'ici cinq ans une première coupe et un club rentable financièrement.

«Nous sommes sur une tendance positive en ce moment, a-t-il déclaré devant le Cercle canadien, hier midi, et nous devons solidifier et maintenir cette croissance au cours des cinq prochaines années afin d'atteindre la rentabilité.

«Nous devons donc trouver des façons d'élargir notre base d'abonnés, a-t-il poursuivi, d'augmenter nos appuis corporatifs, d'accroître notre présence dans les régions et dans les médias et d'améliorer notre expérience client.»

Propulsé par la présence de la vedette ivoirienne Didier Drogba, l'Impact a accueilli environ 450 000 spectateurs en 2015 et en 2016. Le club a fait 12 salles combles en 2016, toutes compétitions confondues, contre 5 en 2015.

Une performance respectable et qui constitue une avancée significative par rapport au creux de 2014, mais qui place le club montréalais seulement en milieu de peloton de la ligue, derrière Toronto et Vancouver notamment.

Pour ce qui est des matchs de la saison en MLS, l'Impact a enregistré la saison dernière la huitième performance avec 350 000 personnes, soit une moyenne de 20 669 par match, inférieure à la moyenne de la ligue qui est de 21 692 spectateurs.

Environ 100 000 spectateurs de plus ont assisté aux rencontres éliminatoires de l'automne, aux parties en championnat canadien et au match amical contre Rome.

La situation des abonnements a toujours été préoccupante, et M. Saputo a bien raison de vouloir les augmenter. Au moins 10 clubs en MLS vendent plus de 10 000 abonnements annuellement. Portland, Kansas City et San Jose ont même des listes d'attente. L'Impact a connu sa meilleure année en 2016 avec 9500 abonnés.

À ce jour, 8700 personnes ont renouvelé leur abonnement pour 2017, malgré le départ de Drogba. «On a espoir de faire mieux que l'année dernière», dit Richard Legendre, vice-président principal du club, dans un entretien. Le club vise au moins 10 000 abonnements.

Investissements au stade Saputo

Le stade Saputo a coûté 55 millions. Les nouveaux domiciles en MLS, comme celui du Minnesota United FC, coûtent 200 millions. Le club montréalais n'a pas le choix que d'investir pour rester dans le coup. Le but est d'améliorer l'expérience client, mais pas question de toucher à la capacité actuelle de 20 801 sièges, jugée comme appropriée par la direction.

Les détails et les montants seront dévoilés plus tard. Mais il est d'ores et déjà assuré qu'on réaménagera les installations sous les gradins de façon à optimiser la circulation des spectateurs. L'accent sera mis sur la technologie et la connectivité dans le stade, a expliqué Richard Legendre en marge de la conférence. Le WiFi sera offert à la clientèle, dont la moitié est âgée entre 18 et 34 ans et 70% a moins de 45 ans.

Une offre améliorée pour la clientèle d'affaires

À plus long terme, l'Impact veut améliorer son offre de produits destinés à une clientèle d'affaires. En comptant les loges, les mezzanines et les sièges «prestige» (prix variant de 100 à 120 $), environ 1000 sièges au stade sont offerts aux entreprises, moins proportionnellement qu'ailleurs en MLS. 

Le taux d'occupation de ces produits dépasse les 90%, selon M. Legendre. Ce nombre sera revu à la hausse dans les prochaines années.

Au chapitre des partenariats, l'Impact a encore des trous à combler dans son alignement de commanditaires majeurs. Par exemple, aucune chaîne d'alimentation ni société pétrolière ne figure parmi les partenaires du club.

Pour ce qui touche au rayonnement du club dans l'ensemble du Québec, Joey Saputo compte sur la récente entente de cinq ans pour les droits de télédiffusion et de télécommunication avec TVA Sports/Vidéotron pour rejoindre les partisans en région. En vertu de cette entente, dont les termes financiers n'ont pas été dévoilés, les 34 parties de l'équipe seront télédiffusées en français. En anglais, TSN diffusera entre 12 et 18 parties.

Une concentration des spectateurs au stade Saputo provient de l'est de l'île de Montréal et du 450. Les gens de l'ouest sont plus réticents à s'y aventurer, et l'intérêt pour le club chute quand on s'éloigne de la région montréalaise.

En dépit des hauts et des bas, l'Impact a connu une croissance de ses revenus de 65% depuis sa première saison en MLS, passant de 19 à plus de 30 millions, si on se fie aux chiffres publiés par le magazine Forbes.

Les axes de croissance sont identifiés pour l'avenir. Mais Joey Saputo sait très bien que la victoire et une éventuelle Coupe MLS restent la voie royale pour atteindre la rentabilité.

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La progression du club sur six fronts

L'Impact évolue dans la MLS depuis cinq ans. Un premier cycle s'achève. Une belle occasion de faire le point sur l'avancée du club sur plusieurs fronts.

LES REVENUS

Le club ne dévoile plus publiquement la hauteur de ses revenus. Un signe que l'équipe a atteint un autre statut. Pour la saison 2013, l'Impact budgétait des revenus de 19 millions. En 2015, Forbes a évalué les revenus du onze montréalais à 24 millions US, soit près de 31 millions canadiens. Du lot, les revenus de billetterie et de commandites, incluant l'entente avec TVA Sports et Vidéotron, représentent 90% des recettes. Les produits dérivés et les concessions alimentaires composent le reste

HAUSSE DU PRIX DES BILLETS

L'organisation a décrété une faible augmentation de prix en 2017, une première en cinq ans. «Selon les catégories, ça peut aller jusqu'à 5% d'augmentation pour les billets de saison et les billets individuels», précise M. Legendre. Le stade reste accessible, puisque la moitié du stade se vend à moins de 40 $, insiste-t-il, et 25% des billets vendus sont des billets de groupe, souvent à un prix entre 13 et 15 $ chacun.

VALEUR DE LA FRANCHISE

La franchise de l'Impact a coûté 40 millions US en 2010. La ligue demande maintenant 150 millions US aux nouveaux venus. Forbes évaluait en 2015 la valeur de la franchise montréalaise à 135 millions US, ce qui donne 173 millions canadiens. M. Saputo et l'Impact ont investi plus de 100 millions dans le club. Outre la franchise, le stade Saputo a coûté 55 millions et l'aménagement du Centre Nutrilait à la caserne Letourneux a entraîné des dépenses de 16 millions. L'organisation compte maintenant 125 employés à temps plein, la moitié dans les bureaux administratifs.

RAYONNEMENT INTERNATIONAL

Les matchs de la MLS sont diffusés dans 140 pays et dans 90 langues. Avec ses joueurs étrangers Laurent Ciman, Ambroise Oyongo, Marco Donadel et Nacho Piatti, le club montréalais bénéficie d'une couverture dans la presse étrangère supérieure à ce que le club de hockey Canadien peut profiter.

COUVERTURE MÉDIATIQUE

À la fin de 2014, l'Impact se plaignait publiquement de la faiblesse de sa couverture de presse. Période révolue. Le club a accaparé 11% de la couverture sportive en 2015, comparativement à seulement 3% en 2014, selon la firme Influence Communication. Le pourcentage a quelque peu reculé en 2016 en raison de la tenue des Jeux olympiques de Rio, mais l'organisation reste satisfaite.

COTES D'ÉCOUTE ET RÉSEAUX SOCIAUX

Les cotes d'écoute sont en hausse de 38 % chez TVA Sports et de 48 % chez RDS, diffuseur des matchs des séries. La moyenne des deux réseaux tourne autour de 140 000 pendant la saison, le double de l'audience enregistrée il y a trois ans. Le match retour de la finale de l'Est contre Toronto a attiré 1,4 million de téléspectateurs, réseaux anglais et français réunis.

Sur les réseaux sociaux, l'Impact compte 330 500 amis Facebook et 255 000 abonnés Twitter. #IMFC a été le mot-clic le plus utilisé au Québec en 2015, devant #TLMP, et a pris le 4e rang au Canada.