Le président de la FTQ, Daniel Boyer, et le secrétaire général, Serge Cadieux, ont été réélus sans opposition à la tête de la plus grande centrale syndicale du Québec.

Le congrès de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec a pris fin, vendredi à Montréal, avec la reconduction des numéros 1 et 2 de la centrale syndicale pour un mandat de trois ans.

Au cours d'une entrevue avec La Presse canadienne, les deux hommes ont indiqué que l'action politique sera au centre de leur prochain mandat, tant pour lutter contre les inégalités sociales que pour assurer une juste transition des emplois dans le contexte des changements climatiques.

Appuyée par ses congressistes, la direction de la FTQ a bien l'intention de mettre ses énergies à faire battre le gouvernement de Philippe Couillard.

«On a eu une bonne pratique avec les élections fédérales. On a formé quand même 600 militants à la FTQ pour pouvoir intervenir, faire du porte à porte, intervenir lors d'une élection générale ou même d'une élection partielle. Et on a eu le mandat clair de tout faire ce qui est en notre possible pour ne pas que les libéraux soient réélus à la prochaine élection de 2018», a précisé M. Cadieux.

Et bien que les élections générales n'aient lieu qu'en 2018, la FTQ compte se mettre à la tâche... dès janvier prochain. «À partir de janvier, on va commencer à activer la machine. Il faut préparer le terrain», a martelé le secrétaire général.

Ses syndiqués du secteur municipal, entre autres, ont une rancune tenace envers le gouvernement Couillard, à cause des projets de loi qu'il a adoptés. Et la grogne est encore palpable en général à cause des compressions dans les services publics.

M. Boyer veut donc stimuler le goût de l'action politique chez ses 600 000 membres, non seulement pour faire battre le gouvernement, mais pour encourager un engagement plus soutenu.

«On forme, à la FTQ et dans nos syndicats affiliés, 15 000 militants. Et on va intégrer, dans chacun de nos cours de formation, de l'action politique», a prévenu le président de la FTQ.

Développement économique

La FTQ reproche au gouvernement Couillard son manque de tonus en matière de création d'emplois, de politique industrielle, de formation, en plus des compressions budgétaires dans les différents services publics.

«Notre secteur manufacturier "s'en va sur la bum" en tabarouette. Il est temps que l'ensemble de la société civile au Québec, nous et les représentants des entreprises, qu'on fasse un véritable débat sur le développement économique» et pas seulement sur l'adéquation entre la formation et l'emploi, s'est exclamé M. Boyer.

Optimiste, M. Cadieux espère pouvoir régler certains dossiers «rapidement», comme celui des «clauses orphelins» - ces clauses qui autorisent les disparités de traitement dans les conventions collectives selon la date d'embauche, comme les régimes de retraite à deux vitesses. Il veut qu'elles soient interdites, comme les doubles échelles de salaires sont interdites.

«Il y a un délégué qui disait au congrès: si, dans une convention collective, on disait que tous les Noirs n'ont pas droit au même régime de retraite, ou toutes les femmes, ce serait une affaire épouvantable. Et là, on dit «tous les jeunes» et ce ne serait pas une affaire épouvantable? Ça n'a pas de bon sens!» s'est exclamé le secrétaire général de la FTQ.

Évidemment, la hausse du salaire minimum à 15 $ continuera de monopoliser les énergies de la FTQ aussi. Les 1000 congressistes de la FTQ ont même adopté une résolution qui veut que tous ses syndicats en fassent leur affaire et le revendiquent à leurs tables de négociation. Il est actuellement de 10,75 $ l'heure.

La FTQ compte plus de 600 000 membres, soit 5000 syndicats locaux répartis au sein de 35 grands syndicats.