Le ministre des Finances du Québec, Carlos Leitao, ne cache pas son inquiétude face aux velléités protectionnistes au sud de la frontière ainsi qu'à un environnement politique « compliqué » en Europe.

Invité à s'adresser aux membres du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), lundi, M. Leitao a avoué que son gouvernement surveillait « de très près l'effet sur l'économie américaine de l'arrivée du nouveau président », Donald Trump.

M. Leitao a cependant pris soin de préciser que ce n'est pas la situation économique du plus important partenaire commercial du Québec qui l'inquiète à ce moment-ci. « Le président élu hérite d'une économie assez forte dont la croissance devrait se poursuivre en 2017, ce qui est une bonne chose pour nous. On n'est pas comme on était en 2008, quand le président [Barack] Obama est arrivé et l'économie faisait face à une récession énorme », a-t-il rappelé.

« Nous sommes davantage préoccupés par l'émergence d'un discours plus protectionniste au sud de la frontière, mais également ailleurs dans le monde, et par les intentions clairement exprimées durant la campagne électorale américaine de revoir l'ALENA [l'Accord de libre-échange nord-américain] », a-t-il ajouté.

Prudent, le ministre a dit vouloir attendre de voir la composition du cabinet de M. Trump et le discours des élus républicains, reconnus comme étant traditionnellement plus ouverts au commerce international. M. Leitao a dit garder un oeil particulièrement sur les représentants de ce qu'il a appelé « les trois États-surprise, les trois États qui ont voté pour M. Trump et qui ont changé le collège électoral : la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin ».

Il a souligné que ces trois États « sont très liés à l'économie du Canada central - le Québec et l'Ontario ».

Un peu avant son discours, lors du cocktail offert aux invités, M. Leitao a dit croire que les discussions sur le bois d'oeuvre seront la première véritable mesure des relations commerciales à venir avec l'administration Trump.

Du côté de l'Europe, Carlos Leitao a dit vouloir surveiller de près le référendum du 4 décembre en Italie, par lequel le premier ministre Matteo Renzi tente de réformer la Constitution et stabiliser le pouvoir politique dans ce pays qui a compté pas moins de 60 gouvernements depuis 1946.

« Si M. Renzi perd son référendum, les répercussions politiques pourraient être importantes pour l'Union européenne », a fait valoir le ministre.

M. Leitao a également rappelé qu'il « y aura aussi des élections présidentielles en France en 2017, des élections générales en Allemagne en 2017. Donc, l'environnement politique en Europe est un peu compliqué. »

Devant tous ces bouleversements potentiels, M. Leitao s'est félicité de la situation économique québécoise qui devrait, selon lui, permettre à la province de traverser les eaux troubles qui s'annoncent.

Cette situation, le ministre l'attribue en grande partie « à la bonne tenue » de l'économie québécoise ainsi qu'au retour de l'équilibre budgétaire.