Devenir entrepreneur pour un été? Oui, peut-être, mais voici quelques éléments à prendre en considération avant de signer.

Rien à voir avec l'université

Même si les étudiants sont sollicités sur les campus, dans les salles de classe, et qu'on parle de « stage » ou de « programme de formation », les entreprises qui proposent des franchises n'ont pas l'appui des universités ni de lien avec la formation universitaire. Leur but est strictement commercial. À la suite de plaintes, ces dernières années, l'Université McGill a interdit ce type de sollicitation sur le campus. « Mais on n'est pas toujours au courant, parfois ils font juste circuler l'information dans les classes avant les cours », explique Marie-José Beaudin, directrice du centre de placement de la faculté de gestion.

Frais élevés

Avant d'empocher un seul dollar de revenu, les futurs entrepreneurs doivent payer plusieurs milliers de dollars au franchiseur et encourir plusieurs dépenses : frais de franchise, achat de matériel, obligation d'avoir une voiture, un cellulaire et une tablette, frais de formation et autres. « Comme tout entrepreneur qui investit pour lancer son entreprise », explique Jean-Sébastien Genest, vice-président du Programme de développement d'entreprises (PDE).

« Mais les étudiants n'ont pas nécessairement 5000 $ à investir, fait remarquer Marie-José Beaudin. Ils sont naïfs et ne comprennent pas toujours dans quoi ils s'embarquent. »

Des étudiants disent s'être fait suggérer d'ouvrir une marge de crédit pour payer les frais de démarrage, une pratique que plusieurs dénoncent.

Pénalités

Les contrats prévoient des pénalités, qui peuvent atteindre 5000 $, pour les participants qui quittent le programme avant la fin. Certains franchiseurs imposent des amendes en cas de retard dans les rapports de ventes, d'entorses aux règles de sécurité et de délais trop longs pour répondre aux clients insatisfaits.

Pour que des pénalités soient justifiées dans les contrats d'emploi, « il faut un motif sérieux, et les sommes prévues ne doivent pas être excessives », explique MJohanne Tellier, avocate à la CNESST. Elle se demande si des étudiants peu expérimentés « ont la maturité nécessaire pour donner un consentement éclairé en signant un tel contrat ».

Le beau côté

Dans les rencontres d'information, les franchiseurs donnent un aperçu des revenus potentiels, mais les participants déplorent qu'on leur fasse miroiter des profits élevés, sans parler des risques de pertes financières. Dans une réunion du PDE, récemment, on a parlé à des étudiants de McGill de profits nets de 19 000 $ en un été, sur des ventes de 75 000 $, qui représentaient le scénario le plus pessimiste.

Un employeur responsable ?

Les jeunes franchisés qui se retrouvent avec le statut d'employeur se font imposer des directives et des façons de faire précises, qui leur laissent peu de marge de manoeuvre, remarque MTellier. Ils sont poussés à embaucher des employés sans respecter les conditions minimales, selon elle. « Par exemple, les jeunes embauchés pour faire de la sollicitation de porte-à-porte ne sont payés que s'ils trouvent des clients. »

Ramasser les pots cassés

En cas de problème avec un contrat ou de client insatisfait, des décisions récentes du tribunal des petites créances ont fait porter l'entière responsabilité au jeune franchisé. Dans un cas, l'étudiant qui exploitait une franchise de Qualité Étudiant a pourtant fait valoir qu'il avait payé le franchiseur pour une assurance responsabilité.

Dans un autre jugement, la franchisée de Peintres étudiants Leila Azad a fait valoir que l'insatisfaction des clients était causée par la mauvaise formation et le peu de soutien offert par le franchiseur. Elle a été dédommagée en partie seulement.