Grâce à un surplus de 2,2 milliards de dollars pour la dernière année financière, le gouvernement Couillard abolit complètement la taxe santé dès janvier et injecte 500 millions de dollars dans les secteurs de la santé, de l'éducation et du développement régional.

C'est ce qu'a confirmé mardi le ministre des Finances, Carlos Leitao, avec le dépôt de sa mise à jour économique et financière à l'Assemblée nationale.

Québec prévoyait éliminer la taxe santé en 2018. Il le fera finalement en janvier prochain. Ainsi, les contribuables paieront pour la dernière fois cette taxe à l'occasion de leur prochaine déclaration de revenus, celle concernant l'année 2016. Cette taxe représente 100$, 200$ ou 1000 $ selon le niveau de revenus du contribuable. Son abolition représente une baisse du fardeau fiscal de 760 millions sur une pleine année (le devancement annoncé par le gouvernement lui coûte 253 millions).

Québec annonce également un réinvestissement annuel de 300 millions en santé - 100 millions pour l'année en cours. L'argent servira à augmenter l'offre de soins à domicile et de services dans les ressources intermédiaires, qui hébergent de personnes âgées ou handicapées. Québec entend rehausser « les standards d'hébergement et les soins » dans les CHSLD. Il répond ainsi aux nombreuses critiques faites dans les dernières années à ce chapitre.

De son côté, le milieu de l'éducation touche 110 millions de plus - 35 millions pour l'année en cours. La somme sera versée aux secteurs primaire et secondaire pour « accroître la réussite éducative » - aucun détail n'a été donné. Une autre part est destinée aux cégeps et aux universités pour « le développement de mesures d'aide destinées aux étudiants ayant des besoins particuliers » de même que « le recrutement et la rétention des étudiants étrangers ». Québec souhaite aussi financer davantage les fédérations sportives.

Enfin, le gouvernement ajoute 100 millions dès cette année pour « apporter un appui à des projets de développement économique en région » et « favoriser le tourisme en région, notamment par les festivals et évènements ».

Québec annonce l'ajout, pour l'an prochain, de 400 millions dans les investissements en matière d'infrastructures qui atteindront ainsi 10 milliards.

Toutes ces mesures découlent du surplus de 2,2 milliards de dollars enregistré pour 2015-2016, année financière qui s'est terminée le 31 mars dernier. Dans son budget, le gouvernement prévoyait plutôt atteindre tout juste l'équilibre budgétaire.

Ce surplus est dégagé grâce à des dépenses moins élevées que prévu, une économie de 1,1 milliard. Par exemple, les journées de grève dans le secteur de l'éducation ont permis au gouvernement d'économiser 147 millions. En santé, les dépenses se sont avérées inférieures par rapport aux prévisions (une différence de 220 millions). Contrairement au plan initial, le gouvernement n'a pas eu à utiliser sa provision pour éventualités, son bas de laine en cas d'imprévu (300 millions).

Les recettes du gouvernement ont quant à elles été plus élevées que prévu (891 millions), surtout en raison de l'impôt des sociétés (612 millions).

Québec abaisse légèrement ses prévisions de croissance économique pour 2016 (de 1,5% à 1,4%) et pour 2017 (de 1,6% à 1,5%).

Il se félicite toutefois que la dette diminue pour la première fois depuis 1959. Il s'agit d'une réduction de 610 millions. Mais la dette se remettra à grossir dès 2017.

La dette brute se chiffre actuellement à 203,3 milliards, ce qui représente 53,8% du PIB. La dette nette, donc en tenant compte des actifs financiers, atteint 185 milliards.

Réactions de l'opposition

Le chef caquiste François Legault a accusé les libéraux de briser une promesse électorale en consacrant plus d'argent au remboursement de la dette qu'aux baisses d'impôt.

«Ce n'est pas normal qu'il mette 2 milliards de dollars dans le remboursement de la dette, a-t-il dit. Moi, ce que je soupçonne, c'est que d'ici 2018 il va utiliser ces versements-là pour réduire les impôts des Québécois, mais c'est maintenant que les Québécois en ont besoin, c'est maintenant que l'économie en a besoin.»

Le porte-parole péquiste en matière de finances, Nicolas Marceau, a affirmé que le surplus de 2,2 milliards a été constitué grâce aux compressions dans les dépenses de l'État.

«Il n'est pas le résultat d'une économie florissante, loin de là, a-t-il dit. Ça a été réalisé sur le dos des plus vulnérables, je le disais, sur le dos des aînés, sur le dos des enfants. Ça a été réalisé aussi par une hausse du fardeau fiscal, annoncée depuis deux ans et demi.»

Amir Khadir, député de Québec solidaire, a accusé les libéraux de s'être attaqués aux services publics avec leurs compressions.

«On a mis le feu au réseau public de la santé, au réseau public de l'éducation, dans la hausse des tarifs, dans les services publics en général et maintenant, M. Leitao veut qu'on applaudisse le pyromane qui a mis le feu au système, maintenant qu'il vient avec son petit arrosoir en prétendant sauver la mise, a-t-il dit. C'est inacceptable.»

- Avec La Presse Canadienne (réactions de l'opposition)