Mont Saint-Sauveur International a une nouvelle identité et des projets d'expansion, mais le rachat de la station américaine en difficulté, Jay Peak, n'en fait pas partie.

Mont Saint Sauveur n'a plus d'ambitions internationales

Le groupe Mont Saint-Sauveur International (MSSI), propriétaire de Jay Peak pendant 10 ans, n'a pas du tout l'intention de profiter des difficultés actuelles de la station de ski du Vermont pour en faire l'acquisition, même à bon prix.

« Notre stratégie n'est pas là », a expliqué le président et chef de la direction de l'entreprise, Louis-Philippe Hébert, lors d'un entretien avec La Presse en haut du mont Saint-Sauveur.

MSSI a fait savoir hier qu'il s'appellera désormais Les Sommets, pour mieux refléter sa position dominante au Québec.

Malgré les investissements importants qui ont été faits à Jay Peak, M. Hébert affirme que la station et ses activités quatre saisons coûtent très cher à exploiter, et sont pratiquement impossibles à rentabiliser.

Mont Saint-Sauveur a été impliqué dans les débuts du programme d'investissement à Jay Peak, juste avant de vendre la station. « Avec mes connaissances et mes capacités à moi, je trouvais que ça ne tenait pas la route », dit-il.

« Ils n'ont pas mis une cenne sur la montagne, rappelle celui qui a été vice-président Finance de Jay Peak. Il n'y en a pas eu parce qu'ils ne font pas d'argent ».

Jay Peak est une belle montagne qui n'est pas facile à skier, souligne aussi Louis-Philippe Hébert. « Ce genre de ski attire environ 10 % des skieurs, alors ça prend du volume pour être rentable ».

« SMALL IS BEAUTIFUL »

Avec la nouvelle réalité climatique, les petites montagnes s'en tirent mieux que les grosses, estime le président et chef de la direction de l'entreprise qui regroupe cinq stations (Saint-Sauveur, Morin-Heights, Olympia, Gabriel et Edelweiss).

Il ne faut pas se faire d'illusions, selon lui, dans l'est de l'Amérique du Nord, le sport de glisse se fait sur de la neige fabriquée. « La neige naturelle, c'est dans l'Ouest. »

« C'est plus facile et beaucoup moins coûteux d'enneiger une piste ici (à Saint-Sauveur) qu'à Jay Peak ou à Mont-Tremblant. » - Louis-Philippe Hébert, président et chef de la direction de Les Sommets

Les Sommets sont donc à la recherche de projets de développement autour des montagnes qu'elle exploite déjà. « Il y a des stations qu'on regarde. Il y en a dont on pourrait modifier la vocation, pas nécessairement dans le ski, mais dans les activités d'été. »

Le parc aquatique est populaire quand il fait beau et chaud, mais il faut trouver d'autres activités pour attirer les gens lors des journées nuageuses, précise-t-il. « On pourrait diversifier. On y va à notre rythme et selon nos capacités. »

À plus long terme, Les Sommets pourraient s'associer avec la MRC des Pays-d'en-Haut pour construire un centre sportif avec aréna, piscine et peut-être même bowling et curling.

« On a le terrain idéal pour ça. Mais c'est des gros sous. On parle de 30 millions. Il s'agit de financer ça. »

Un sursis pour Jay Peak

La station de ski Jay Peak pourra accueillir des skieurs cet hiver, après avoir obtenu de la cour une somme de 13,3 millions US qui lui permettra de poursuivre temporairement ses activités.

La station de ski est sous la responsabilité d'un administrateur judiciaire depuis que son propriétaire, Ariel Quiros, et son président-directeur général, William Stenger, sont accusés par la Securities and Exchange Commission (SEC) d'avoir utilisé à leurs propres fins 200 millions US des 350 millions US provenant d'un programme pour immigrants investisseurs.

MM. Stenger et Quiros ont utilisé à leurs propres fins ce programme qui offre la citoyenneté américaine à tout immigrant prêt à investir 500 000 $US dans un projet de développement qui crée des emplois dans les régions à taux de chômage élevé.

La présumée fraude aurait notamment permis à Ariel Quiros, un homme d'affaires de Miami, de financer son acquisition de Jay Peak, de rembourser ses dettes à l'impôt et d'acheter un autre centre de villégiature.

Une partie de l'argent des immigrants investisseurs a aussi servi à financer un vaste programme d'investissements à Jay Peak, où des hôtels, un parc aquatique, une patinoire intérieure et un centre de congrès ont été construits.

Les deux associés avaient aussi annoncé d'autres projets de développement au Vermont, dont un centre de recherche biomédicale à Newport et la revitalisation d'un autre centre de ski, Burke Mountain.

Depuis que les accusations ont été portées, William Stenger s'est entendu avec la SEC. Son associé Ariel Quiros continue de nier les accusations dont il fait l'objet et se bat pour avoir accès à ses avoirs, qui sont gelés en attendant la fin des procédures.

C'est une partie de cet argent qui a été débloquée pour être utilisée par Jay Peak afin d'amorcer la saison de ski et de payer les entreprises qui ont travaillé aux autres projets des deux associés.

« Sans cet argent, il y a un risque important que Jay Peak cesse ses opérations, ce qui diminuerait sa valeur de revente et, ultimement, le rendement des investisseurs », avait plaidé l'administrateur nommé par le tribunal.

Ce dernier, Michael Goldberg, a reçu deux offres d'achat pour les actifs dont il a la responsabilité. La première, de 93 millions US, concernait uniquement Jay Peak tandis que la seconde, de 203 millions US, incluait Burke, le centre biomédical de Newport et tous les autres actifs sous administration judiciaire.

Les deux offres venaient de la même entreprise établie en Floride, Bellwether Asset Management.

L'administrateur n'a pas jugé que ces offres étaient assez sérieuses pour être considérées, notamment parce que l'acheteur n'avait même pas visité les propriétés avant de faire son offre.

Il est apparu ensuite que l'acheteur, Jean Joseph, est accusé de fraude en Floride.

Photo fournie par Jay Peak

La station de ski Jay Peak pourra accueillir des skieurs cet hiver, après avoir obtenu de la cour une somme de 13,3 millions US qui lui permettra de poursuivre temporairement ses activités.