Le milieu des affaires montréalais veut accroître la proportion de citoyens détenant une formation universitaire et mieux arrimer cette formation aux besoins futurs du marché du travail.

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) et Montréal International ont dévoilé mercredi une étude qui démontre, d'une part, l'apport économique majeur des universités et, d'autre part, le retard de la région de Montréal en cette matière.

L'objectif des deux organismes est de contrer les perceptions négatives qui entourent le milieu universitaire.

«Présentement, dans la population, il y a un certain cynisme à l'égard des universités», a expliqué le président de la Chambre, Michel LeBlanc, en entrevue avec La Presse canadienne.

«Il y a une perception que les universités sont mal gérées, dépensent mal l'argent, que les gestionnaires sont trop payés.»

L'étude démontre que Montréal se classe bonne dernière parmi les grandes villes du Canada quant à la proportion de sa population qui détient un diplôme universitaire, avec 29,6 %, derrière Toronto à 36,8 %, Calgary à 34,8 % et Vancouver à 34,1 %.

De plus, elle fait état d'une corrélation directe entre le produit intérieur brut (PIB) par habitant et la proportion de diplômés universitaires. À ce chapitre, Montréal se classe au 28e rang parmi les 29 plus importantes régions métropolitaines d'Amérique du Nord. Seule la ville de Cleveland se classe moins bien que Montréal dans cette échelle dont le sommet est occupé par San Francisco, Seattle et Boston.

«Nous sommes une ville moins riche parce qu'il y a moins de diplômés, et si on a moins de diplômés, c'est parce qu'on choisit moins d'aller à l'université ou de compléter notre diplôme», a insisté M. Leblanc.

Malgré tout, l'apport économique des universités et des universitaires est majeur. Par exemple, la contribution de l'ensemble des diplômés universitaires à l'augmentation du PIB de la région de Montréal est évaluée à 22,7 milliards $ pour l'année 2014-2015.

À cela s'ajoutent les retombées économiques liées aux dépenses des universités, qui s'élèvent à 3,5 milliards $ cette même année, et celles des étudiants internationaux, qui atteignent 367 millions $.

Favoriser un «discours positif»

La Chambre de commerce et Montréal International entendent donc développer un «discours positif» à l'égard des universités, augmenter de 5 % d'ici cinq ans la proportion de diplômés universitaires et s'assurer que non seulement l'éducation soit une priorité gouvernementale, mais aussi l'enseignement supérieur de manière plus précise.

«Ce qu'on dit, c'est: les universités, mettez les budgets pour faire de la publicité; le gouvernement, faites-en un discours positif, pas seulement un discours où on veut réduire les budgets», a lancé Michel Leblanc.

Ces organismes suggèrent également de mettre sur pied une table de concertation réunissant les universités, les cégeps, le gouvernement du Québec et des employeurs afin de mieux arrimer les programmes d'enseignement supérieur et les besoins futurs en matière de main-d'oeuvre.

Une telle demande ouvre toutefois grande la porte aux accusations de marchandisation de la formation universitaire, c'est-à-dire d'en faire des institutions qui se consacrent principalement à produire des travailleurs dans les domaines requis par les entreprises plutôt que des chercheurs et des libres penseurs, un reproche dont se défend M. Leblanc.

«C'est comme si on avait le choix entre du blanc et du noir et qu'on ne pouvait pas avoir les deux et aussi jouer dans des teintes de gris», a déploré le président de la Chambre de commerce, qui cherche aussi à briser la perception selon laquelle les gens d'affaires n'ont aucun intérêt pour les sciences sociales.

«L'intégration des immigrants, les défis que pose la diversité, éventuellement les enjeux de paix sociale en milieu urbain, par exemple, c'est aussi important pour les entreprises, a-t-il fait valoir. Il y a plusieurs recherches qui portent sur le mieux-vivre ensemble et pour le milieu des affaires, la paix sociale, c'est fondamental.»

L'étude regroupe des données provenant des 11 universités de la région de Montréal, ce qui inclut, outre les quatre grandes institutions les plus connues, des institutions telles Polytechnique Montréal, HEC Montréal, le campus Longueuil de l'Université de Sherbrooke et la TÉLUQ, notamment.

Ces institutions regroupent plus de 155 000 étudiants et l'équivalent de près de 41 500 emplois à temps plein.

L'étude souligne au passage, histoire de passer un message aux gouvernements, que si Québec a consacré 1,8 milliard $ au financement des universités de la région de Montréal, les recettes fiscales provenant des dépenses des universités et des revenus supplémentaires des diplômés de la région métropolitaine de Montréal ont atteint 4,6 milliards $ et que l'investissement en vaut très certainement la chandelle.