Les employés du Frite Alors! de la rue Rachel Est, à Montréal, ont manifesté hier après-midi pour demander le retour d'une de leurs collègues, congédiée le matin même. Une trentaine de personnes ont investi l'entrée et l'intérieur du restaurant, empêchant les clients d'y pénétrer.

« Je suis rentrée au travail à 10 h, a raconté Morgane Mary-Pouliot. À 11 h, le propriétaire m'a dit qu'on n'avait plus besoin de moi. »

Coup de théâtre, l'employée a été réembauchée plus tard dans la journée. Ces événements surviennent quelques jours à peine après que des employés du restaurant ont annoncé la formation d'un syndicat. Des membres du syndicat ont dit au propriétaire du restaurant que les manifestants se retireraient si l'employée retrouvait son poste.

Employée depuis un an et demi, Morgane Mary-Pouliot soutient qu'on ne lui a donné aucune raison pour la congédier. « Je n'ai jamais eu d'avertissement écrit, affirme-t-elle. Aucun commentaire sur mon travail. »

Dans une lettre envoyée à La Presse Affaires, la direction de Frite Alors! soutient que ce congédiement a été fait « de façon réfléchie et en toute légalité, et les raisons n'étaient aucunement liées à la décision de l'employée de se syndicaliser ». « Toutefois, nous convenons que le moment pour procéder à son renvoi était mal choisi et c'est pourquoi nous l'avons réengagée. »

Selon la Loi sur les normes du travail, un employeur peut terminer un emploi pour motif valable quand le salarié est employé de l'entreprise depuis moins de deux ans, et le salarié n'aura alors pas de recours, à moins qu'il ait exercé un droit prévu dans la loi (selon les articles 124 et 122). Si l'employeur met fin à l'emploi du salarié en raison d'une faute grave, il n'aura pas à lui donner le préavis prévu à la loi (selon les articles 82 et 82.1).

Depuis quelques mois, les employés du Frite Alors! de la rue Rachel Est revendiquent des augmentations salariales, des congés de maladie, de la formation et une climatisation adéquate dans le restaurant. Lundi, après une rencontre avec la direction, les cuisiniers ont obtenu l'assurance d'une augmentation de salaire après trois mois. Quant aux serveurs, la direction leur a fait savoir qu'elle leur donnerait une réponse au début du mois de septembre, après avoir consulté ses états financiers.

« Seulement 5 des 15 employés ont émis des revendications et désirent implanter un syndicat dans le restaurant, l'International World Worker, a expliqué la direction de Frite Alors! La situation du restaurant de la rue Rachel Est est isolée et ne représente pas la situation de nos 15 autres restaurants. »