Avant d'être vendue à Québecor, l'entreprise Vision Globale (anciennement Studio Mel's) traversait une situation financière très difficile et les relations étaient tendues avec Investissement Québec (IQ), actionnaire minoritaire (25,9 %).

Le bras investisseur du gouvernement a dû faire un suivi serré de l'entreprise de studios de cinéma durant toute l'année 2014 pour assurer sa survie, est-il indiqué dans les documents d'IQ. Pendant plusieurs mois, Investissement Québec a cherché à imposer un directeur général à Vision Globale pour épauler son actionnaire de contrôle (Mathieu Lefebvre), critiqué pour son « manque de focus ».

Un financement de 2,5 millions était même conditionnel à la venue d'un directeur général, mais il a avorté, en février 2014.

En juin 2014, l'offre de la société américaine Clearlake Capital pour acheter Vision Globale a donc été bien accueillie, après plusieurs mois de recherche d'un sauveur. Tant le conseil d'IQ que Mathieu Lefebvre préféraient cette offre à celle de Québecor, également sur la table.

La résolution du conseil d'Investissement Québec pour étudier l'offre de Clearlake est éloquente. « Attendu que les relations entre les actionnaires institutionnels et l'actionnaire majoritaire sont très mauvaises [...] Attendu que l'entreprise a besoin d'une nouvelle direction afin de renouer avec la rentabilité, et ce, rapidement... », est-il écrit au procès-verbal du 16 juin 2014.

35 MILLIONS

Clearlake proposait d'investir 35 millions dans les activités de Vision Globale, en plus de « maintenir le siège social au Québec et un certain niveau d'emplois ». La transaction procurait un rendement de 28,3 % à IQ, selon le même procès-verbal.

Toutefois, pour une raison inexpliquée dans les procès-verbaux, le processus de vente ne s'est pas conclu avec Clearlake. À l'époque, les médias avaient fait état de l'intervention du député Pierre Karl Péladeau auprès du ministre responsable, Jacques Daoust, pour favoriser l'offre de Québecor. Cette intervention du 2 juillet avait été précédée par une autre, deux mois plus tôt, directement auprès d'un cadre d'IQ.

Quoi qu'il en soit, le 28 juillet 2014, le procès-verbal de la réunion d'IQ indique qu'un directeur général a finalement été nommé chez Vision Globale, mais qu'IQ doit ajouter un million de dollars « pour stabiliser l'entreprise ».

Par la suite, des négociations ont été entreprises avec Québecor, à qui une exclusivité a été accordée jusqu'à la fin de septembre. L'entreprise a fini par offrir 50 millions pour les actifs de Vision Globale, en plus d'assumer les dettes à long terme, incluant le prêt de 5,0 millions d'IQ, est-il indiqué au procès-verbal de la fin d'octobre 2014.

Le conseil d'administration d'Investissement Québec se fait alors confirmer par un haut dirigeant d'IQ « l'absence de droit qu'aurait la firme Clearlake par rapport à l'offre initiale qui avait été retenue ». La vente à Québecor Média est donc officiellement autorisée.

C'est finalement le Groupe TVA, filiale de Québecor Media, qui conclut la transaction, le 30 décembre.