La pression a augmenté encore hier sur le ministre des Transports Jacques Daoust. Devant le ministre qui soutenait n'avoir jamais été informé de la vente des actions de Rona par Investissement Québec, quand il était responsable du Développement économique, l'opposition péquiste a brandi des documents qui démontrent le contraire.

Le procès-verbal de la réunion du conseil d'administration d'Investissement Québec, le 17 novembre 2014, indique que les administrateurs ont autorisé la société d'État à « disposer des autres actions de Rona qu'elle détient sous réserve d'une consultation préalable auprès du ministre responsable de la Société », a relevé à l'Assemblée nationale le chef péquiste Sylvain Gaudreault. On y précise même que le ministre Daoust s'était joint au conseil ce jour-là.

Cette controverse perdure depuis le dépôt, la semaine dernière, du rapport de la vérificatrice générale Guylaine Leclerc, qui, à partir des procès-verbaux du conseil d'administration d'Investissement Québec, avait indiqué que le ministre Daoust avait été consulté dans cette opération, ce qu'il avait toujours nié catégoriquement.

Dans le procès-verbal de la réunion suivante, le 15 décembre, on précise que le président par intérim, Yves Lafrance, « fait état de l'accord donné par le ministre responsable de la Société à la vente de la totalité des actions de Rona détenues par la Société ».

Pour M. Gaudreault, le ministre Daoust a carrément menti sur son rôle dans la vente de Rona quand il soutenait n'avoir jamais été consulté ni même informé de cette intention. « Ce n'est pas un procès-verbal d'un club de pêche, d'un club de scouts, c'est celui d'Investissement Québec. Et, pour pouvoir exécuter cette résolution, il n'avait pas le choix, au moins, de consulter le ministre. Ça fait qu'il ne vienne pas nous dire qu'il ne savait pas, parce que ç'a été vendu, les actions, de toute façon. Donc, ça ne marche pas, sa version, ça ne marche pas », a lancé le chef péquiste, exigeant la démission du ministre Daoust.

LAFRANCE INVITÉ À S'EXPLIQUER

Mais le premier ministre Philippe Couillard a continué de défendre son ministre, soulignant qu'il ne voyait pas de raison de mettre sa parole en doute. Yves Lafrance sera invité à venir s'expliquer en commission parlementaire, a souligné M. Couillard.

« Ce qui a été dit au sujet des mécaniques de la transaction de vente d'actions, c'est qu'effectivement il n'est pas nécessaire pour Investissement Québec d'obtenir l'autorisation pour faire cette transaction. [Le ministre] a expliqué qu'il n'avait donc jamais donné cette autorisation. Il a également indiqué n'avoir pas été informé de l'intention de vendre la totalité des actions d'Investissement Québec en privé avec moi et également en public, et je ne vois pas de raison de remettre sa parole en doute », a ajouté M. Couillard.

De son côté, M. Daoust a reconnu avoir participé à la réunion du conseil du 17 novembre, comme consigné au procès-verbal. «  [...] mais je n'ai pas participé aux débats du 17 novembre, a-t-il dit. Il était même convenu avec le conseil d'administration... j'ai été même invité après la réunion du conseil d'administration. En aucun cas, ça [la vente de Rona] n'a été discuté lors de ma présence. »