Mise au ban d'Hydro-Québec il y a plusieurs années, SNC-Lavalin souhaite rebâtir les ponts avec la société d'État.

« Nous avons eu une relation difficile avec Hydro-Québec au cours des deux dernières années. Nous travaillons fort afin de ramener la situation à la normale », a déclaré hier le nouveau PDG de SNC, l'Écossais Neil Bruce, en réponse à une question posée par un actionnaire dans le cadre de l'assemblée annuelle de la firme d'ingénierie.

En 2011, SNC-Lavalin a froissé Hydro en décrochant un contrat pour le projet hydroélectrique Muskrat Falls, au Labrador. Craignant que SNC affecte ses meilleurs ingénieurs au projet terre-neuvien, la société d'État a attribué la plupart des mandats du chantier du complexe La Romaine, sur la Côte-Nord, à la firme américaine Aecom. En outre, Hydro-Québec a décidé de réaliser à l'interne plusieurs travaux d'ingénierie qui étaient auparavant confiés à l'externe, a précisé M. Bruce en conférence de presse.

Le grand patron de SNC et le nouveau PDG d'Hydro-Québec, Éric Martel, pourraient fumer le calumet de la paix le mois prochain : la société d'État a invité Neil Bruce à visiter le site de l'un de ses projets. Une porte-parole d'Hydro, Isabelle Thellen, a indiqué hier que la rencontre allait permettre aux deux hommes de discuter des projets de développement de la société d'État, et ce, tant au Québec qu'à l'étranger.

PROBLÈMES AU LABRADOR

Ironie du sort, rien ne va plus dans le projet Muskrat Falls, qui accuse un retard de plusieurs mois et dont le coût est passé de 5 à plus de 7 milliards. Ed Martin, PDG de Nalcor, la société d'État terre-neuvienne qui mène le projet, a démissionné le mois dernier et son successeur, Stan Marshall, n'a pas exclu de suspendre les travaux.

Le PDG de SNC-Lavalin s'est dit « préoccupé quant à l'avenir » de Muskrat Falls, mais il a soutenu que le contrat de l'entreprise était « très petit » par rapport à l'ensemble du projet. SNC est chargée des services d'ingénierie, d'approvisionnement et de gestion de la construction.

BANQUE MONDIALE

Neil Bruce a par ailleurs reconnu que l'exclusion d'une centaine de filiales de SNC-Lavalin par la Banque mondiale, en 2013, continuait d'avoir des effets négatifs sur les affaires de l'entreprise. L'institution avait imposé cette sanction, d'une durée minimale de huit ans, dans la foulée d'affaires de corruption dans lesquelles avait été impliquée SNC au Bangladesh et au Cambodge.

« Plusieurs clients ne connaissent pas tous les faits, alors nous devons passer beaucoup de temps à faire en sorte qu'ils comprennent quelles sont les entités [de SNC-Lavalin] qui ont été radiées [par la Banque mondiale] et quelles sont celles qui ne l'ont pas été, ce que nos concurrents n'ont pas à faire », a expliqué M. Bruce.

Le dirigeant a noté que l'entreprise montréalaise n'avait pas cherché à décrocher de nouveaux contrats dans les pays où elle a connu des problèmes d'éthique par le passé, comme l'Algérie et la Libye. Au Moyen-Orient, SNC-Lavalin se concentre sur l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Koweït et le Qatar. Même si le Canada a levé ses sanctions contre l'Iran, SNC n'a pas l'intention d'y remettre les pieds à court terme.

RÉSULTATS

Promu au poste de PDG en octobre avec le mandat d'améliorer les résultats financiers de l'entreprise, en remplacement de l'Américain Bob Card, Neil Bruce a agi rapidement. L'automne dernier, 950 postes ont été supprimés à l'échelle mondiale pour réduire les coûts.

Au premier trimestre, SNC-Lavalin a enregistré des profits nets de 122,1 millions, ou 81 cents par action, en hausse de 17 % par rapport aux 104,4 millions, ou 68 cents par action, dégagés à la période correspondante de l'exercice précédent. Les résultats ont bénéficié de la vente d'une participation dans l'aéroport de Malte, qui a généré un gain net de 53,6 millions.

Le chiffre d'affaires a atteint 2 milliards, en baisse de 12 %. En revanche, la valeur du carnet de commandes a bondi de 11,7 % en trois mois pour s'élever à 13,4 milliards, un record.

L'action de SNC-Lavalin a clôturé à 45,69 $ hier, en hausse de 35 cents, à la Bourse de Toronto.

Infographie La Presse