La Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) profite de la fête des Travailleurs célébrée dimanche pour demander la hausse du salaire minimum à 15 $ de l'heure.

Le salaire horaire minimum actuel est de 10,75 $, le gouvernement venant de l'augmenter depuis dimanche de 20 cents l'heure.

« Avec ça, ce n'est pas possible de vivre décemment. Ce n'est pas possible de s'épanouir au Québec. On arrive à peine à se nourrir et à se loger », a dit le président de la FTQ, Daniel Boyer, lors d'un point de presse organisé dimanche matin.

Le syndicat lance une vaste campagne de promotion militant en faveur « d'une augmentation graduelle du salaire minimum jusqu'à 15 $ par heure travaillée ».

La FTQ propose d'étaler cette hausse sur « cinq ou six ans », explique le secrétaire général Serge Cadieux.

Une vidéo animée intitulée pourquoi 15 sera notamment diffusée sur les réseaux sociaux, afin de déboulonner certains mythes, dont celui voulant que seuls les étudiants travaillent au salaire minimum.

Il y aura aussi une distribution de tracts dans le cadre de la manifestation du 1er mai.

Le but: créer un mouvement social unissant les travailleurs syndiqués et non afin de mettre une pression sur le gouvernement.

La FTQ cite l'exemple de l'entreprise Costco, qui paie ses caissières 50 000 $ par an, et de l'entreprise Teo Taxi de l'homme d'affaires Alexandre Taillefer qui offre à ses chauffeurs un salaire de 15 $ de l'heure.

D'autres associations de défense des droits des travailleurs, dont le Front de défense des non-syndiqués et le Collectif pour un Québec sans pauvreté ont joint leur voix à celle de la FTQ.

« Une telle augmentation améliorerait de façon concrète leur qualité de vie. Elle augmenterait leur pouvoir d'achat et stimulerait l'économie locale. Elle encouragerait aussi les étudiants du cégep et de l'université à se concentrer sur leurs études et à accumuler moins de dettes, plutôt que de devoir travailler toujours davantage », a déclaré la porte-parole du FDNS, Mélanie Gauvin par voie de communiqué.

Selon l'organisme, 60 % des personnes au salaire minimum sont des femmes, plus de 90 % ne sont pas syndiquées.

La ville de Seattle l'a fait. La Californie aussi. Et au Québec, le débat pour instaurer un salaire minimum à 15 $ n'est pas nouveau. Et il n'est pas unanime. 

Des pour 

Cette semaine, l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) a publié une étude suggérant d'établir un « salaire viable » à 15,10 $ de l'heure. Selon l'organisme, le fait de hausser le salaire minimum a un effet positif direct sur la consommation, ce qui est bon pour l'économie. 

Jeudi, Québec solidaire a déposé à l'Assemblée nationale une motion pour instaurer le salaire minimum à 15 $. « Tout augmente que ce soit les tarifs d'électricité ou le coût du transport en commun et le salaire minimum actuel ''n'accote'' pas ça », a déclaré la députée Manon Massé en entrevue avec La Presse Canadienne. 

En mars, l'homme d'affaires Alexandre Taillefer a réclamé un salaire minimum de 15 $. Il paye les employés de son entreprise de taxi à ce taux horaire. Selon lui, les travailleurs mieux rémunérés consommeront davantage dans les commerces locaux.

Et des contre 

La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante croit qu'il y a des « moyens plus appropriés » pour soutenir les travailleurs à faible revenu. L'organisme propose notamment de diminuer la portion imposable des salaires. La fédération craint qu'une hausse du salaire minimum aura des conséquences importantes sur les coûts de main-d'oeuvre des petites entreprises ne cause des fermetures et des pertes d'emplois. 

Dans une entrevue à TVA, le PDG de Uniprix y est allé de cet avertissement: « Si on augmente nos frais d'exploitation, cela aura une répercussion sur les prix des produits. »