Victime de préjugés, l'économie sociale est souvent associée à l'aide sociale et à la charité. Pourtant, elle emploie 150 000 personnes dans des milliers d'entreprises au Québec. Jean-Martin Aussant nous présente, en quatre thèmes, ce pilier solide et solidaire.

Taille

L'économie repose sur trois piliers : le privé, le gouvernemental et le collectif. L'économie sociale représente le troisième pilier. Son apport est important. Il représente l'équivalent de 10 % du PIB du Québec, pour plus de 35 milliards. Ses 7000 entreprises sont essentiellement des coopératives et des OBNL (organismes à but non lucratif). On les retrouve dans trois domaines : économique, social et culturel. L'économie sociale est souvent rattachée à l'habitation, aux services d'aide à domicile, aux CPE et aux entreprises de réinsertion de travailleurs, mais il y en a dans tous les secteurs d'activités, incluant la haute technologie. Les grandes coopératives, comme Desjardins et Agropur, en font partie. Les différents festivals aussi.

Équilibre 

Le travail du Chantier est d'améliorer la vie des collectivités en soutenant le travail des entreprises d'économie sociale. J'y dirige une vingtaine de personnes, selon les projets en cours. Un de nos objectifs est d'inculquer aux gens le réflexe de penser au troisième pilier quand vient le temps de démarrer un projet ou de régler un problème. L'économie sociale ne s'oppose pas aux deux autres piliers. Bien au contraire. Mais quand le privé prend trop de place, on glisse vers l'avidité. Et quand le gouvernement prend trop de place, on glisse vers l'aridité. L'économie sociale veut juste prendre sa place pour en arriver à un meilleur équilibre. Il faut en arriver à se dire : il y a trois piliers, lequel est le plus approprié pour le projet qu'on souhaite développer ?

Rentable 

Les entrepreneurs collectifs ont les mêmes talents que ceux du privé. Seule la forme de propriété diffère. Les coops et les OBNL sont généralement rentables, mais leurs excédents ne sont pas distribués aux propriétaires. Ils sont réinvestis dans l'entreprise. En fait, le nombre de coops toujours en vie après 10 ans est deux fois plus élevé que pour les entreprises privées. De plus, il faut arrêter d'associer l'économie sociale aux subventions. Je ne suis pas en train de dire qu'il n'y a aucune subvention dans ce pilier. Mais les subventions du privé surpassent d'un multiple très élevé celles pour l'économie sociale.

Projets 

Le Québec est reconnu à travers le monde pour ses innovations sociales, comme les CPE et les services d'aide à domicile. Il est aussi envié pour ses prêteurs de capital de risque - le RISQ (Réseau d'investissement social du Québec) et la Fiducie - spécialisés dans les projets collectifs.

Dans cet esprit, nous organisons avec la Ville de Montréal le Forum mondial de l'économie sociale GSEF 2016. Cette conférence internationale se tiendra du 7 au 9 septembre. On accueillera plus de 1500 personnes. Les discussions porteront sur la collaboration entre les gouvernements locaux et les acteurs de l'économie sociale pour le développement des villes. Lien internet : www.gsef2016.org

Nous planchons aussi sur un projet d'innovation sociale à Montréal. Il se fera en collaboration avec plusieurs partenaires publics et privés. Son but sera d'accélérer le développement d'entreprises à impact social partout au Québec.