Nadine St-Louis a trouvé son chemin en 2011. Il s'allongeait sur un vaste territoire dans le nord du Québec et du Labrador. Alors consultante, elle y recueille des informations sur les artistes autochtones pour le Conseil des arts du Canada. Pendant cinq mois, elle voyage en avion, en auto, en hélicoptère et en motoneige. Elle pleure, aussi. Comment redonner confiance et espoir à ces communautés ? L'espace culturel Ashukan, dans le Vieux-Montréal, est le fruit de son voyage initiatique.

La femme métisse algonquienne a ressenti un appel. Avant, elle avait été gestionnaire au CN et propriétaire d'un restaurant. Diplômée en cinéma, en littérature anglaise et en histoire de l'art, elle nourrissait un feu sacré. Elle voulait poser des gestes pour que les ancêtres soient fiers d'elle. « Il n'y avait rien pour les autochtones, dit-elle. Donc, tout était à faire. »

Exprimer l'identité

Comment en est-on arrivés là ? La Loi sur les Indiens a eu des effets tragiques, rappelle Mme St-Louis. Jusqu'en 1951, elle leur interdisait d'exprimer leur identité culturelle et artistique. Le mode de transmission des traditions a été amputé. « On veut ramener la fierté en se réappropriant la culture, dit-elle. Et en présentant des oeuvres d'artistes autochtones. »

Accès au marché

Nadine St-Louis leur donne accès au marché de l'art contemporain par le truchement de l'économie sociale. L'espace culturel Ashukan est la première initiative permanente de marché équitable pour les artistes autochtones. « Sans plate-forme, un artiste n'est pas entendu, n'est pas vu. Il n'existe pas, dit-elle. Il est viable s'il peut vendre ses oeuvres. »

Sortir de l'ombre

Ashukan est installé depuis mai dernier au coeur de la Place Jacques-Cartier. On y présente des toiles, des sculptures, des vêtements, de la littérature, de la musique et des produits dérivés. « L'artiste donne à la communauté la permission de sortir de l'ombre du passé et de vivre dans la lumière d'aujourd'hui », dit Mme St-Louis.

«L'humain au coeur du progrès»

La femme autochtone est en contact avec une quarantaine d'artistes. Elle les accompagne dans le grand marché de l'art. Son objectif est de générer des revenus pour eux et de créer des retombées économiques dans les communautés. « La mission de l'économie sociale, explique-t-elle, c'est l'humain au coeur du projet. »

La demande est là

Elle sait qu'il y a une demande. Il y a cinq ans, elle avait produit et présenté l'Exposition 11 nations au Marché Bonsecours, à Montréal. L'événement regroupait des artistes de toutes les communautés autochtones du Québec. Il avait attiré 30 000 personnes et on y avait vendu pour 200 000 $ de tableaux.

Fierté, espoir et racines

Nadine St-Louis veut redonner de la fierté, de l'espoir et des racines aux autochtones. Elle appelle à un élan de réconciliation, d'inclusion et de justice pour tous. Lors de son périple, une aînée de la communauté algonquine, appartenant à la nation Obibwé, lui avait donné le nom spirituel d'« Ashukan Ishkwe »: la femme qui crée des ponts. C'est ce qu'elle bâtit aujourd'hui entre les artistes autochtones, le grand public et le marché de l'art.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

L’espace culturel Ashukan est la première initiative permanente de marché équitable pour les artistes autochtones. « Sans plate-forme, un artiste n’est pas entendu, n’est pas vu. Il n’existe pas, affirme Nadine St-Louis. Il est viable s’il peut vendre ses œuvres. »