Cinq humoristes sont sur le point de lancer une coopérative, a appris La Presse. Leur but : produire des spectacles et différents projets artistiques. Une drôle d'idée ? Au contraire, un projet pour faire, ensemble, les choses à leur façon. Entrevue avec les fondateurs.

Une coop d'humoristes, c'est une première ? 

Guillaume Wagner : « Je ne sais pas ailleurs, mais au Québec, ça semble être la première fois. Il faut dire que les humoristes sont plutôt individualistes. En plus, c'est un milieu qui va bien. C'est une industrie qui génère beaucoup d'argent. »

Alors, pourquoi cette entreprise ? 

Mathieu Séguin : « Pour continuer à faire nos projets, à notre manière. L'industrie se trouve dans une situation où tout doit être gros : grosse tournée, gros chiffres, grosses boîtes de production. » 

Guillaume Wagner : « Vendre 25 000 billets, ce n'est pas rien. Pourtant, ça intéresse moins les producteurs. Alors, on le fera nous-mêmes. Rien de mieux que des artistes pour savoir ce qui est mieux pour les artistes. »

Quels seront les avantages pour vous ? 

Adib Alkhalidey : « L'humoriste est devenu un simple employé dans le système. Il faut changer la façon de faire. Le show-business existe depuis 100 ans. On est en train de créer la première mutation du modèle. On va réduire le nombre d'intermédiaires. »

Philippe Cigna : « On passe après plusieurs paliers. Après les producteurs, les gérants et les impôts. »

Mathieu Séguin : « Il y en a qui se spécialisent dans la récolte des fruits mûrs. »

Guillaume Wagner : « Notre coop va avantager les artistes. »

Adib Alkhalidey : « Oui, on essaie quand même d'être des capitalistes civilisés. »

Et les avantages pour les spectateurs ? 

Mathieu Séguin : « Le prix des billets sera moins élevé. Pour notre premier événement, le Dr Mobilo Aquafest, il sera de 15 $ pour nos spectacles solos et de 25 $ pour le gala. Le festival se tiendra cette semaine, du 16 au 19 mars, au Théâtre Rialto et au Théâtre Fairmount. »

Guillaume Wagner : « Cette plus grande liberté nous permettra d'explorer au niveau artistique. » 

Adib Alkhalidey : « On pourra présenter des choses audacieuses et nouvelles. Mille et un projets sont refusés par des producteurs par peur d'aller trop loin. »

Quels sont vos autres projets ? 

Guillaume Wagner : « On part modestement, mais nous voulons grandir. On veut offrir des services de production, de télé, de tournées, de web, de spectacles et de théâtre. »

Philippe Cigna : « Nous souhaitons répondre aux besoins des jeunes artistes du monde de la musique, de la danse et d'autres formes artistiques. Ils pourront devenir membres de la coop. »

Comment allez-vous faire pour gérer cette coop ? 

Philippe Cigna : « Les gestionnaires pensent qu'ils comprennent les arts. On va leur montrer que les artistes comprennent la comptabilité. »

Quelles sont vos valeurs ? 

Adib Alkhalidey : « S'aider entre artistes et s'encourager à développer nos projets. »

Philippe Cigna : « L'entraide, car on se bat contre un Minotaure qui dévore ses enfants. Nous, c'est le contraire qu'on veut faire. Ça me donne une idée ! La coop pourrait s'appeler "Inverted Minotaur"... »

Avez-vous un local ? 

Philippe Cigna : « Pas encore. On va habiller notre projet au fur et à mesure qu'il grandit. »

Adib Alkhalidey : « J'ajouterais qu'on va se promener tout nus dans la cour pendant encore un bout de temps. »

Comment sont divisés les postes ? Qui sera président ? 

Adib Alkhalidey : « Est-ce que ma mère pourrait être présidente ? »

Guillaume Wagner : « Non, Adib. En fait, on est en train de voir à la répartition des postes. La bonne nouvelle, c'est qu'il faut être cinq dans le conseil d'administration. On est cinq fondateurs. Mais d'autres membres viendront s'ajouter. »