Historiquement, les travailleuses du Québec étaient moins syndiquées que les travailleurs. Mais en 2015, les choses ont changé et les deux sont maintenant pratiquement à égalité en la matière.

Ainsi, en 2015, environ 39 % de la main-d'oeuvre salariée était syndiquée, tant chez les hommes que chez les femmes. Ce sont donc 700 000 travailleurs qui étaient syndiqués et 680 000 travailleuses.

C'est l'une des constatations qu'a faites l'Institut de la statistique du Québec (ISQ), dans un portrait qu'il vient de publier sur la situation des Québécoises sur le marché du travail au cours des 35 dernières années.

«C'est la baisse relative de la syndicalisation chez les hommes, combinée à une hausse relative chez les femmes qui a fait un rapprochement», a expliqué au cours d'une entrevue, jeudi, Luc Cloutier-Villeneuve, analyste en statistiques du travail à l'ISQ et coauteur de l'étude.

Il s'est perdu beaucoup d'emplois dans le secteur manufacturier, par exemple, un secteur hautement syndiqué dans lequel travaillent beaucoup d'hommes. Et les femmes, de leur côté, travaillent davantage dans le secteur public que les hommes et il s'agit d'un secteur hautement syndiqué.

«On voit que depuis un certain nombre d'années, les courbes sont assez rapprochées l'une de l'autre. C'est une tendance qui se dessine de plus en plus. Mais ça peut basculer à la faveur d'une création d'emplois non syndiqués ou de départs à la retraite plus forts chez les syndiqués», a signalé M. Cloutier-Villeneuve.

Enfants

De façon générale, le taux d'emploi des femmes ayant de jeunes enfants a augmenté à un point tel, depuis les 35 dernières années, qu'il a rejoint le taux de celles qui n'ont pas de responsabilités familiales.

M. Cloutier-Villeneuve note que ce phénomène n'est toutefois pas nouveau et pas unique au Québec. Il l'attribue surtout à la scolarisation plus élevée des femmes en général et note que les politiques familiales et les services de garde ont aussi facilité les choses.

«La scolarité est un ingrédient essentiel. On voit que le taux d'emploi diminue beaucoup à mesure que la scolarité est plus faible. Donc, les mères, malgré leurs contraintes, ou avec leurs contraintes, ont été capables de même dépasser les pères pour avoir une scolarité supérieure. C'est un élément important, la scolarisation, qui est en croissance. La question des services de garde et toute la politique familiale, c'est sûr que ça ne peut pas nuire», a conclu M. Cloutier-Villeneuve.

D'ailleurs, l'écart entre les hommes et les femmes ayant des enfants de moins de 6 ans persiste. Mais il s'est amenuisé au cours de la période étudiée.

En matière de rémunération aussi, la situation des femmes s'est améliorée au fil des ans.

Mais il reste qu'en 2015, les femmes salariées à temps plein, âgées de 25 à 54 ans, gagnaient en moyenne l'équivalent de 90 % du taux horaire moyen des hommes dans la même situation.

Différents facteurs peuvent expliquer ce phénomène, comme le type d'emploi occupé, l'ancienneté dans un emploi donné, l'expérience, mais il existe également des facteurs inexpliqués. «Cette partie inexpliquée-là, certains, je dis bien certains, l'attribuent à la discrimination qui persiste sur le marché du travail», a souligné M. Cloutier-Villeneuve.