Le gouvernement du Québec a dépensé plus d'un demi-million de dollars, au cours des dix dernières années, afin que ses représentants puissent entrer au Forum économique mondial de Davos, indiquent des informations obtenues par La Presse Canadienne.

Cette somme correspond seulement aux frais d'adhésion déboursés pour l'accès des premiers ministres et ministres québécois à l'événement, qui se déroule en Suisse.

Elle n'inclut pas les frais de déplacement et d'hébergement des délégations québécoises qui assistent chaque année au sommet.

Le premier ministre Philippe Couillard participe actuellement au sommet économique, tout comme ses prédécesseurs l'ont fait régulièrement depuis environ 25 ans.

Au cours de la dernière décennie, les frais d'adhésion à l'organisation ont doublé, passant de 30 000 CHF, en 2005, à 60 000 CHF, soit 81 720 $ CAN pour l'événement de cette année, indiquent des documents du ministère des Relations internationales (MRI) obtenus grâce à des demandes d'accès à l'information.

Depuis 2004, Québec a versé environ 580 000 $ à l'organisation responsable de l'événement de Davos, où M. Couillard sera jusqu'à jeudi.

Dans ses réponses à deux demandes d'accès, le MRI ne disposait pas des montants versés en frais d'adhésion avant l'année financière 2003-2004.

Le ministère a également été incapable de donner plus de détails, mercredi, sur les services, prestations et privilèges offerts grâce au paiement de ces droits d'entrée.

Le cabinet du premier ministre a estimé mercredi que les dépenses pour accéder au sommet de l'organisation suisse étaient profitables pour le Québec.

«Tous les gouvernements québécois y ont participé, peu importe le parti, a répondu dans un courriel le porte-parole Harold Fortin. C'est une occasion unique de rencontrer, au même endroit, des dirigeants d'entreprises et des leaders politiques. Les bénéfices retirés pour la population québécoises sont bien plus grands que le coût annuel.»

Créé en 1971, le Forum économique mondial réunit chaque année à Davos des dirigeants de grandes entreprises internationales ainsi que des personnalités de divers domaines, notamment des leaders politiques de plusieurs pays.

Ces rencontres sont parfois l'occasion d'annonces de nouveaux partenariats économiques pour le gouvernement du Québec et des entreprises québécoises.

Le premier ministre Robert Bourassa a été le premier chef de gouvernement du Québec à participer à l'événement, en 1990, indiquent les informations d'une première demande d'accès.

Le ministre du Commerce extérieur et du développement technologique Pierre MacDonald avait été le premier membre du gouvernement québécois délégué au sommet, en 1987.

Après un premier passage sans annonces, au sommet de l'an dernier, M. Couillard a dévoilé mercredi une entente de principe avec une filiale de l'entreprise Tata Steel, pour un éventuel projet minier, ainsi qu'une participation de 16 millions $ dans un projet de recherche pour le développement des véhicules électriques avec PSA Peugeot Citroën.

Le Parti québécois a affirmé que les dépenses pour les missions économiques sont justifiées lorsqu'elles sont bien préparées et que les stratégies de démarchage sont claires et ciblées.

Une porte-parole de l'aile parlementaire péquiste, Antonine Yaccarini, a cependant rappelé que le déplacement de M. Couillard survient après ses déclarations sur l'exploration pétrolière à Anticosti, dont il s'est dissocié malgré une participation financière de l'État, ce qui a été suivi par la fermeture des bureaux montréalais de l'un des partenaires, Maurel et Prom.

«La mission de M. Couillard est donc de réparer ses propres erreurs et les dommages qu'il a causés. Ce n'est pas très rentable dans ces circonstances», a-t-elle indiqué mercredi dans un courriel.