Les détaillants québécois ont besoin d'un électrochoc pour affronter le commerce électronique international, soutient le ministre des Finances, Carlos Leitao.

Les représentants du secteur du commerce de détail soutiennent que le taux élevé de la TVQ est un handicap contre la concurrence et ils mettent en garde le gouvernement contre un scénario pressenti de hausse de la TVQ, mais ils font erreur, selon le ministre, et il leur faut une prise de conscience.

Il faut d'abord que plusieurs détaillants arrivent au 21e siècle et commencent par proposer une offre «potable» aux consommateurs, a-t-il laissé entendre dans un point de presse avant d'entrer à la séance du caucus libéral jeudi matin.

«C'est une erreur majeure. La question problématique du commerce électronique est là, quel que soit le taux de TVQ, 8, 9 10 ou 11 pour cent. Elle existe principalement parce que le commerce de détail électronique québécois n'a pas une offre qui soit raisonnable», a dit M. Leitao.

Les consommateurs choisissent le commerce électronique pour la facilité, pour la disponibilité des produits, pour l'éventail de choix, a affirmé le ministre. Ce n'est donc pas tant une question d'éluder la taxe de vente, car cette préoccupation est loin dans la liste des acheteurs, a-t-il poursuivi.

«C'est parce que vous avez un choix, c'est plus facile à faire de chez soi. Plusieurs détaillants ont compris cette nouvelle donne, d'autres ne sont pas encore arrivés au 21e siècle», a déploré M. Leitao, qui a exprimé ses inquiétudes sur la capacité de ce secteur à prendre le virage.

Il a rappelé que c'est un domaine d'activité économique qui emploie des dizaines de milliers de Québécois, mais qu'il est en profonde mutation et doit s'adapter aux nouvelles habitudes des consommateurs.

«Je ne dirais pas qu'il suffirait de faire ça, mais ça commence par ça. Il est absolument essentiel que cela se fasse», a-t-il dit.

Le ministre estime être modéré dans ses critiques et ses mises en garde, puisque dans un récent forum de détaillants, d'autres interlocuteurs ont tenu des propos bien plus durs pour conscientiser les marchands québécois, selon lui.

En conclusion, il s'est contenté de lancer: «Allez dépêchez-vous, ça presse!»

Encore cette semaine, l'opposition péquiste avait affirmé que la hausse de la TVQ envisagée par le gouvernement allait faire mal au commerce de détail.

Plus tôt en septembre, le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) était venu en commission parlementaire sur la réforme de la fiscalité pour faire entendre sa voix. Cette commission se penche sur le rapport Godbout, qui propose notamment une baisse des impôts assortie d'une hausse d'un point de la TVQ, à 11 pour cent.

Le CQCD refuse une troisième hausse de la TVQ en cinq ans et recommande que les émetteurs de cartes de crédit perçoivent les taxes sur les transactions électroniques effectuées dans le commerce en ligne.

Le Conseil soutient que la hausse aurait des effets négatifs sur la consommation et rappelle que le Québec est déjà la province la plus taxée, après la Nouvelle-Écosse.

Selon ses données, plus de 2800 détaillants ont fermé leurs portes entre 2008 et 2013 au Québec. Mais le CQCD reconnaît aussi du même souffle que les ventes augmentent et qu'il y a eu création d'emplois dans ce secteur.