En dépit d'efforts pour tenter de dynamiser la prospérité économique, le Québec continue de faire du surplace dans ce domaine, constate le Conseil du patronat (CPQ) dans son plus récent bilan.

Son sixième Bulletin de la prospérité économique du Québec, dévoilé jeudi, décerne encore un «C» à la province, soit la même note depuis 2010, une stagnation qui préoccupe l'organisation patronale.

«Malheureusement, il n'y a pas eu beaucoup de gains ici par rapport à la dernière année», a constaté le président-directeur général du CPQ, Yves-Thomas Dorval, au cours d'une entrevue téléphonique, jeudi.

Le Bulletin compare entre autres le positionnement du Québec en ce qui a trait à la création de richesse avec l'Ontario, l'Alberta et la Colombie-Britannique - les trois provinces les plus populeuses - ainsi qu'aux membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Dans le reste du Canada, l'Ontario, l'Alberta et la Colombie-Britannique obtiennent des notes respectives de «B», «B» et «B-».

Selon le document tenant compte de 21 indicateurs, le Québec arrive au 23e rang sur les 38 pays et provinces considérés en matière de produit intérieur brut (PIB) par habitant, avec 36 168 $.

Cette performance est inférieure à la moyenne canadienne de 44 000 $ et de l'OCDE (39 000 $).

Le Bulletin accorde entre autres de bonnes notes au Québec en matière de formation postsecondaire (A), du taux d'imposition sur l'investissement (B), des dépenses en recherche et développement (B).

En revanche, le CPQ note que le Québec fait moins bien que d'autres provinces comme l'Ontario, la Colombie-Britannique et l'Alberta en matière de décrochage scolaire (D), des taxes sur la masse salariale (C) ainsi que du fardeau de la dette publique (D).

«Le décrochage scolaire est très préoccupant, a dit M. Dorval. Il y a aussi l'intégration économique des immigrants. Nous sommes au dernier rang lorsqu'on se compare. Les taxes sur la masse salariale sont 30 % plus élevées qu'en Ontario et 40 % plus élevées que la moyenne canadienne.»

En matière de finances publiques, la note passe de «B-» à «C-», un recul qui s'explique notamment par un taux effectif marginal d'imposition sur l'investissement moins efficace.

«Il y a eu une réduction assez importante des crédits d'impôt au Québec», a rappelé M. Dorval, en référence aux baisses décrétées par le ministre des Finances, Carlos Leitao, lors de son premier budget déposé en 2014.

Le président-directeur général du CPQ a également souligné les lacunes du Québec en matière de littératie et numératie économique. Selon lui, cela fait en sorte qu'il est difficile d'amener la prospérité économique au coeur des enjeux ainsi que des sujets de discussion.

Par ailleurs, l'organisation patronale a profité de la campagne électorale pour élargir le cadre de son Bulletin en se penchant pour la première fois sur le portrait canadien en matière de prospérité économique.

Globalement, le Canada obtient une note de «B+», ce qui, de l'avis de M. Dorval, place le pays «pas parmi les premiers, mais pas loin derrière».

Les principales lacunes relevées par le CPQ concernent la compétence des adultes en numératie économique (C), le taux effectif marginal d'imposition sur l'investissement (C) ainsi que les dépenses en recherche et développement (C).

«Sans amélioration de la productivité, on ne sera pas capable d'améliorer la prospérité, a souligné M. Dorval. Cela passe entre autres par les dépenses en recherche et développement, surtout en matière d'innovation.»