Loto-Québec traverse une période difficile: baisse des revenus et érosion de la rentabilité du monopole d'État des jeux de hasard. Le temps est aux compressions et à la recherche de nouvelles avenues de croissance.

Le dernier exercice financier s'est traduit une nouvelle fois par une baisse des revenus et une érosion de la rentabilité du monopole d'État des jeux de hasard. Loto-Québec a choisi de comprimer ses dépenses de 41 millions, ou 4,1%. La Presse a épluché le rapport annuel de la société d'État pour faire le point.

Achalandage en hausse, revenus en baisse

Le nombre de visiteurs accueillis par le casino de Montréal a crû de 9,3% l'an dernier, mais les revenus ont néanmoins baissé de 2,1%. «On constate que la dépense moyenne par visiteur baisse, dit Jean-Pierre Roy, porte-parole de Loto-Québec. Celui-ci est plus prudent. Aujourd'hui, quand le visiteur gagne 200$, il met 100$ de côté.» En réaction, la société a sabré les dépenses. La rentabilité s'en est trouvée bonifiée. Le casino de Tremblant a été rentable pour une deuxième fois seulement depuis son ouverture en 2009. Les profits des quatre casinos sont passés de 160 à 174 millions, soit une augmentation de 9,2%.

575 emplois supprimés en deux ans

Loto-Québec a sorti le couperet. Les pertes d'emplois se chiffrent maintenant à 575, dont une bonne partie dans les casinos. On dénombrait 6495 emplois en mars 2013 contre 5921 postes en mars 2015. Doit-on s'attendre à d'autres réductions de personnel en 2015-2016? «Le gel de l'embauche se poursuit. L'an dernier, il y a eu aussi des licenciements. Cette année, il y en aura probablement d'autres, mais un nombre inférieur à ce qu'on a eu l'an dernier», répond M. Roy.

Des loteries en déclin rapide

Le secteur des loteries a connu une baisse globale des ventes de 140 millions, ou 8%, en un an. Dans son rapport annuel, la direction de Loto-Québec pointe du doigt l'absence de gros lots. Mais Loto-Québec a également réduit son budget publicitaire de 25% l'an dernier, le secteur des loteries étant de loin le plus touché, d'après Jean-Pierre Roy. Le budget publicitaire varie de 35 à 40 millions annuellement. Il a été moins élevé de 10 millions en 2014-2015. L'an prochain, il remontera de 5 millions, pour tourner autour de 30 à 35 millions.

Temps moche pour les tenanciers

Les bars ferment au Québec au point où Loto-Québec a de la difficulté à replacer rapidement ses appareils de loterie vidéo (ALV), ce qui se reflète négativement sur ses ventes (- 3,4% en un an). «On a eu 500 machines à relocaliser. Il y a six ou sept ans, on n'en avait qu'une centaine à replacer», fait-il savoir. Au 31 mars 2015, près de 300 appareils sur 12 000 étaient hors circuit. «Avant, on ne voyait jamais ça, un bar avec 5 ALV fermer ses portes; aujourd'hui, on voit ça», dit Renaud Poulin, directeur général de la Corporation des propriétaires de bars, brasseries et tavernes du Québec.

Renouvellement des kiosques et fin du délai de carence

Loto-Québec remplacera la centaine de kiosques de vente de billets de loterie au coût de 6,8 millions au cours des quatre prochaines années. «Ça fait probablement 15 ou 20 ans que le travail de redesign n'avait pas été fait», souligne M. Roy.

Par ailleurs, la société d'État a levé le délai de carence de deux semaines qu'elle s'imposait avant de dévoiler le nom des gagnants. La mesure faisait suite à une tentative d'extorsion et d'enlèvement à l'endroit d'un couple qui avait gagné 27 millions. «Sept ou huit ans plus tard, on s'aperçoit fort heureusement que pas d'autres incidents déplorables ne se sont produits», dit M. Roy.

Perte de près de 100 millions en France

Il ne reste plus grand-chose de l'investissement de Loto-Québec dans les casinos français. Au net, la société a perdu près de 100 millions dans l'aventure qui a commencé en 2005. Elle détenait 35% de Groupe Joa. Le 22 octobre 2014, la société d'État a cédé ses participations et transféré un prêt de 9,9 millions d'euros en contrepartie d'un droit sur les recettes d'une revente éventuelle du holding. En plus des 100 millions qu'elle a perdus, Loto-Québec maintient des prêts de 12,4 millions à deux nouveaux casinos. «Il y a toujours des choses à apprendre à gérer un casino à l'étranger, mais à un niveau de risque moindre qu'avant», justifie M. Roy.

Baisse des commandites de près de 20%

Le budget consacré aux commandites a été réduit de près de 20%, passant de 14,9 millions en 2013-2014 à 12,3 millions en 2015-2016. En novembre dernier, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, demandait aux sociétés d'État de resserrer leurs dépenses dans le domaine. Les perdants sont les organisateurs de la fête nationale à Montréal et Québec, avec une subvention amputée de plus de moitié, à 200 000$. La société d'État s'est aussi retirée des festivals de cinéma et a cessé de soutenir l'Orchestre symphonique de Québec. Le programme de soutien aux artistes en tournée «Les entrées en scène Loto-Québec» passe de 367 500$ à 150 000$.