L'ex-président de la division Avions d'affaires de Bombardier, Éric Martel, prend la barre d'Hydro-Québec en promettant des hausses de tarifs « raisonnables », « autour de l'inflation », et un « changement de culture vers une plus grande transparence ».

Le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a annoncé la nomination de M. Martel au poste de PDG de la société d'État à l'issue d'une réunion du Conseil des ministres, hier. « Grâce à son importante expérience comme gestionnaire de haut niveau et grâce à ses connaissances approfondies du milieu du génie électrique et des affaires, M. Martel saura remplir son mandat avec efficacité et il saura du même coup donner un souffle nouveau à la société d'État, a soutenu Pierre Arcand en conférence de presse. L'arrivée de M. Martel concorde avec le renouvellement du plan stratégique d'Hydro-Québec, qui sera déterminant pour l'avenir. »

Ingénieur électrique de formation, M. Martin avait quitté Bombardier il y a moins de deux semaines. Il était à la tête de la division Avions d'affaires depuis environ un an et demi. En mai, il avait annoncé la suppression de 1750 postes au sein de sa division.

Il se défend de larguer Bombardier en pleine période de turbulences, plaidant qu'« être PDG d'Hydro-Québec est une opportunité unique » et qu'il avait envie de « donner une contribution à l'État québécois ». Il n'a ni milité pour un parti politique, ni contribué à une caisse électorale.

« C'est avec une grande fierté, mais aussi une compréhension très lucide des responsabilités qui m'incombent, que je deviens président-directeur général d'Hydro-Québec », a affirmé M. Martel, qui succède à Thierry Vandal. Il entrera en fonction le 6 juillet.

QUATRE GRANDS OBJECTIFS

Éric Martel a qualifié d'« importante » et d'« exigeante » sa mission à la barre d'Hydro. Il a déjà quelques idées en tête. « Pendant mon mandat, j'ai l'intention d'orienter mes actions vers l'atteinte de quatre grands objectifs : le changement de culture vers une plus grande transparence, un souci accru du service à la clientèle, une croissance soutenue des activités et l'amélioration de la productivité. »

Il souhaite entre autres une hausse de l'exportation des surplus. Et « une expansion internationale sera considérée ». Il a évoqué l'idée qu'Hydro-Québec « partage son savoir pour aider à construire des barrages » ailleurs dans le monde.

Sur les tarifs, Éric Martel s'engage à ce que les hausses soient « raisonnables ». « On va essayer de rester autour de l'inflation », a-t-il dit. Il a promis que les augmentations seront « en lien avec les politiques que le gouvernement veut mettre en place ».

Or, le ministre Arcand s'est dit justement « préoccupé » par les récentes hausses tarifaires (2,9 % à compter du 1er avril ; 4,3 % l'an dernier). Aux côtés de M. Martel, il a rappelé que le gouvernement a promis en campagne électorale de les limiter à l'inflation.

RESTER HUMBLE

Éric Martel considère que « dans sa position de quasi-monopole, Hydro-Québec doit rester humble et respectueuse des citoyens québécois qui ont rendu possible son existence, mais aussi des communautés autochtones qui sont partenaires de son développement ». M. Arcand et M. Martel ont promis que la société d'État sera désormais plus transparente.

« Il y a des choses qu'on ne pourra jamais divulguer [pour des raisons concurrentielles], mais il y a des choses que nous serons prêts à partager et à rendre plus ouverts, des choses qu'on ne partageait peut-être pas avant », a affirmé Éric Martel.

Pierre Arcand a indiqué que M. Martel touchera le même salaire de base que son prédécesseur Thierry Vandal, 483 000 $. Mais la prime, qui a atteint plus de 110 000 $ en 2014, sera maintenant accordée non seulement en fonction des résultats financiers, mais aussi « d'un meilleur service à la clientèle, de la question des tarifs et d'une croissance importante dans plusieurs domaines », a dit le ministre.

D'autres changements sont apportés : « S'il est congédié, il aura un salaire pendant un an, mais s'il quitte ou s'il démissionne, la prime qui avait été donnée à M. Vandal n'existera plus. Et il aura un fonds de pension moindre que M. Vandal. » L'indemnité de départ de 565 000 $ versée à M. Vandal et sa rente de retraite de 450 000 $ par année indexée à vie ont soulevé la controverse.

Le nouveau PDG a défendu le régime de primes octroyées aux cadres et hauts dirigeants de la société d'État, primes qui ont atteint près de 23 millions. Dans le privé, « c'est une pratique courante, connue, en place depuis plusieurs années. Il ne faut pas se mettre la tête dans le sable. Si on veut attirer les bons gestionnaires, je crois qu'on doit avoir des mécanismes, et la bonification en fait partie », a-t-il soutenu.

RECOMMANDATION DU CONSEIL DES MINISTRES

La nomination de M. Martel fait suite à une recommandation du conseil d'administration d'Hydro-Québec. Une firme de chasseurs de têtes avait été embauchée, « et il y avait des candidats de l'international, des candidats du Québec, plusieurs personnes », dit M. Arcand. « Si le conseil d'administration a recommandé M. Martel, c'est que M. Martel était le meilleur. [...] J'ai eu l'occasion de rencontrer M. Martel, et la conclusion, c'est qu'il était le meilleur candidat. »

Est-ce que d'autres candidats n'ont pas passé la rampe au Conseil des ministres ? lui a-t-on demandé.

« C'est-à-dire qu'il y avait d'excellents candidats, sauf qu'un moment donné, il faut prendre une décision, et c'est la décision du gouvernement qui a été prise en bout de ligne. » Il n'a rencontré aucun autre candidat. « La seule personne avec qui j'ai discuté lors d'un événement, parce que son nom était sur toutes les lèvres, c'était Mme [Sophie] Brochu », de Gaz Métro. « Je lui ai demandé si elle avait un intérêt, et elle n'avait pas d'intérêt. Alors, la discussion n'a pas duré très longtemps », a-t-il relaté.