Plus de 30 milliards US prévus à l'échelle mondiale en 2015, dont une dizaine dans les Amériques. Deux fois plus qu'en 2014, et 15 fois plus qu'il y a trois ans à peine!

Plus de doute, le financement de projets par sociofinancement est de plus en plus utilisé par les initiateurs et les innovateurs qui cherchent un premier appui financier auprès d'individus intéressés par leur projet.

C'est dans ce contexte que l'un des plus importants portails internet de sociofinancement d'origine européenne, Ulule, s'amène au Québec avec l'ouverture d'un bureau à Montréal, accompagnée de la mise en ligne d'une section canadienne de son portail.

La Banque Nationale comme partenaire

Cette implantation s'effectue aussi avec un partenaire d'envergure, la Banque Nationale, qui y voit un moyen de promouvoir ses services financiers dans le milieu des entrepreneurs potentiels.

«Notre partenariat avec Ulule Canada cadre avec cette philosophie où tout part d'une idée et du fait que, collectivement, nous pouvons aider des individus ou des groupes à concrétiser leur idée pour en faire un projet, petit ou grand», affirme Lise Anne Amyot, vice-présidente, image de marque et expérience client, à la Banque Nationale.

Depuis son lancement à Paris en 2010, Ulule a servi au sociofinancement de plus de 8000 projets qui ont mobilisé l'équivalent de 40 millions CAN auprès de 660 000 utilisateurs dans 140 pays.

Au Canada, une quarantaine de projets ont eu recours jusqu'à maintenant au portail Ulule pour obtenir du sociofinancement, indique Alexandre Boucherot, cofondateur d'Ulule et chargé de bureau à Montréal, en entretien avec La Presse.

Parmi eux, l'odyssée transatlantique de la rameuse Mylène Paquette, qui a pu recueillir 5000$ auprès d'une centaine de donateurs et partisans.

Par ailleurs, souligne M. Boucherot, ces projets d'origine canadienne ont utilisé Ulule avant qu'il ajoute des devises autres que l'euro à son système pour le transfert électronique des fonds entre donateurs et bénéficiaires.

«Grâce à une entente avec la société de porte-monnaie électronique Stripe, nous pouvons désormais opérer en dollars canadiens et américains, ce qui facilitera l'accès à notre portail pour des utilisateurs canadiens et québécois,» estime M. Boucherot.

Avec l'implantation d'Ulule Canada à Montréal, Alexandre Boucherot estime à près de 500 le nombre de projets d'origine canadienne qui, d'ici la fin de 2016, pourraient s'inscrire à son portail de sociofinancement.

Ces projets doivent être de type social, culturel ou de défi personnel parce que le sociofinancement, ou financement participatif, avec rémunération ultérieure demeure proscrit au Canada, selon la réglementation financière en vigueur.

Toutefois, la révision de cette réglementation, amorcée il y a un an, devrait être complétée d'ici deux à trois mois, indique-t-on à l'Autorité des marchés financiers.

Entre autres, l'AMF et ses homologues des autres provinces envisagent d'allouer certaines exemptions au financement participatif au capital d'entreprises naissantes jusqu'à hauteur de 1,5 million, avec un maximum de 2500$ par contributeur.

Chez Ulule, selon Alexandre Boucherot, on n'a pas l'intention d'élargir les activités de sociofinancement sans but lucratif vers celui d'entreprises naissantes à but lucratif.

Ce qui ne l'empêchera pas cependant de se rapprocher d'organismes ou des lieux générateurs d'idées ou de projets à potentiel entrepreneurial, comme le Centech de l'École des technologies supérieures (ETS) et l'Esplanade, un carrefour pour les entrepreneurs sociaux.

www.ulule.ca

Photo André Pichette, La Presse

Les initiateurs de la «charcuterie créative» Ça Va Barder, sur la promenade Fleury à Montréal, ont utilisé le portail de sociofinancementUlule pour obtenir les premiers appuis de leur projet.