Le ministre des Finances, Carlos Leitao, doit frapper avec plus de vigueur les banques, pour dissiper l'apparence de conflit d'intérêts en raison de sa carrière passée dans le milieu financier, a réclamé Québec solidaire vendredi.

Les gouvernements sont devenus «inféodés au privé» et l'ancien banquier doit démontrer rapidement à la population son indépendance en rétablissant la taxe sur le capital des institutions financières, afin de récolter au bas mot 800 millions de dollars par an, a dit le député Amir Khadir, vendredi, au parlement.

Le député de Mercier a fait cette sortie à la suite d'un débat en Chambre avec le ministre des Finances, pour exiger notamment une imposition plus élevée des gains de capital et des dividendes qui profitent aux plus fortunés. C'est aussi lors de ce débat qu'il a réclamé le retour de la taxe sur le capital, «pour montrer toute son indépendance par rapport à ses ex-employeurs, (exiger) un effort supplémentaire pour policer les banques et leur demander des comptes».

En conférence de presse après le débat, M. Khadir a été plus explicite. À ses yeux, le fardeau de la preuve repose sur le ministre, puisque l'influence des banques sur les orientations est connue depuis une trentaine d'années.

«La première chose que devrait faire M. Leitao pour démontrer son indépendance est d'agir avec plus de précipitation, de détermination et de clarté pour s'assurer que les banques ne jouissent pas d'une situation de privilège», a-t-il dit.

L'abolition graduelle de la taxe sur le capital des institutions financières par le gouvernement Charest de 2007 à 2011 a été «un cadeau dont les banques n'ont pas besoin», a plaidé M. Khadir. Et ce privilège prive le Trésor d'entre 800 millions et 1 milliard par an, ce qui nuit à l'atteinte de l'équilibre budgétaire, selon lui.

Au moment où le gouvernement Couillard s'acharne sur les plus défavorisés, les organismes communautaires, sur «le contribuable moyen, le vendeur de pizza, la chef de famille monoparentale, la coiffeuse», il est d'autant plus pressant pour Carlos Leitao d'être au-dessus de tout soupçon et de faire payer les banques, a affirmé M. Khadir, car la perception du public est aussi importante que la réalité en matière d'intégrité et d'éthique, a-t-il poursuivi.

«Si le ministre des Finances veut se mettre à l'abri de toute critique ou de conflit d'intérêts potentiel, il a plus que tout autre la responsabilité d'agir sur quelque chose d'aussi clair», a-t-il dit.

Carlos Leitao a notamment travaillé pour la Banque Royale ainsi que pour la Banque Laurentienne, avant de faire le saut en politique en 2014.