Le maintien à Montréal du siège social du Cirque du Soleil sera une «composante» dans les négociations entre Guy Laliberté et le fonds d'investissement américain TPG Capital, croit le ministre de l'Économie, Jacques Daoust.

Les détails des discussions ne sont pas connus souligne-t-il, «à la fin de la journée, on aura à protéger le siège social» souligne-t-il. La présence de la Caisse de dépôt parmi les acheteurs minoritaires est rassurante, le Cirque «est un succès qui a débuté ici. On doit conserver ici le siège social» observe M. Daoust.

La vente du cirque est «dommage», mais comme on applaudit quand Couche-Tard achète des magasins à l'étranger, l'inverse peut aussi survenir. «Il faut être consistant», observe le ministre Daoust.

Mais il indique que le maintien du siège social n'est pas pour autant une «condition sine qua non, mais plutôt une composante» dans les discussions. «L' appel du premier ministre (en faveur du siège social montréalais) a été entendu par M. Laliberté. Il peut mettre des clauses, mais tant que la transaction n'est pas fermée, elle ne l'est pas. Tout est sur la table !» conclut-il. Il reste selon lui «pas mal de bouts de ficelles à rattacher».

Québec n'interviendra pas, tranche Couillard

Québec n'interviendra pas afin de s'assurer que des intérêts locaux conservent le contrôle du Cirque du Soleil, dont la vente devrait être annoncée lundi, selon une source, même si la transaction n'a pas encore été conclue.

Il n'est «pas question» pour le gouvernement de s'immiscer «dans une transaction privée», a fait savoir le premier ministre Philippe Couillard, jeudi, pendant la période des questions à l'Assemblée nationale.

«Je vais le dire de façon très nette, a-t-il affirmé. Pas plus que l'on voudrait que les gouvernements étrangers s'impliquent lorsque des groupes du Québec essaient de faire des transactions à l'étranger.»

Entre-temps, le fondateur de l'entreprise et principal actionnaire, Guy Laliberté, a envoyé un courriel à ses employés afin de préciser qu'il n'avait pas «finalisé d'entente» pour la vente du Cirque.

Dans son court message, il reconnaît toutefois qu'il y a «beaucoup de discussions en cours» en coulisses relativement à cette possibilité.

«Comme à mon habitude, sachez que vous serez les premiers informés si je finalise une entente avec de nouveaux partenaires», écrit-il, en incitant ses employés à continuer de «bien faire leur travail».

Le Cirque du Soleil n'a pas voulu faire de commentaires.

Une ex-haute dirigeante de l'entreprise ayant gardé contact avec plusieurs de ses anciens collègues a cependant confié, sous le couvert de l'anonymat, que l'ambiance était morose aux installations montréalaises de l'entreprise.

Plusieurs d'entre eux considèrent que la vente du Cirque représente la fin de «quelque chose d'extraordinaire» et d'un des plus grands succès québécois à l'échelle internationale, a-t-elle expliqué.

Au Parti québécois, le chef intérimaire Stéphane Bédard s'est inquiété de la «perte de contrôle» au Québec «d'un de nos plus grands succès sur la scène internationale».

«À court terme, on nous dit qu'il n'y aura pas de danger pour le siège social, mais d'ici un an, qu'est-ce qu'il va arriver?», s'est-il entre autres demandé.

M. Bédard aurait aimé voir des gens de la communauté d'affaires québécoise se manifester, puisqu'à son avis, ils auraient pu être appuyés par le gouvernement ainsi que la Caisse de dépôt et placement.

De son côté, le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a exhorté le premier ministre à tenter une ultime approche auprès d'acheteurs québécois pour éviter que l'institution passe sous contrôle étranger.

«Là, il semble que la Caisse va prendre un participation, seule et minoritaire, a-t-il déploré. C'est comme un prix de consolation. L'important, c'est de savoir qui va avoir le contrôle (de l'entreprise).»

- Avec Julien Arsenault et Martin Ouellet, La Presse Canadienne