La recherche du déficit zéro n'épargne pas le secteur de la santé.

Des réductions importantes se profilent. Et Québec annonce des compressions dans d'autres ministères. Tour d'horizon.

Opération douloureuse en santé

Le coup de frein est sans précédent. Alors que le budget du ministère de la Santé a bondi de 4,2 % dans la dernière année, il augmente d'à peine 1,4 % pour 2015-2016. Pas moins des deux tiers de cette augmentation de 461 millions de dollars vont aux médecins, en hausse de rémunération. Le tiers est consacré aux services à la population.

Dans son premier budget, Carlos Leitao avait pourtant prévu que les dépenses en santé augmenteraient beaucoup plus, de 2,7 %, en 2015-2016. On note que des mesures prises l'an dernier entraînent des économies, comme l'abolition des agences (55 millions). La hausse de 1,4 % du budget ne permet pas de couvrir ce que l'on appelle les «coûts de système», comme la croissance de la rémunération des employés.

Des compressions importantes

Québec envoie un signal au réseau de la santé qui laisse présager des coupes importantes. «Certains coûts de croissance, dont ceux liés aux médicaments et aux fournitures médicales, devront être autofinancés par les établissements de santé», peut-on lire dans le budget des dépenses.

Or ces coûts explosent au Québec, notait le Commissaire à la santé la semaine dernière. Dans les documents financiers, on remarque des coupes dans les transferts aux établissements publics (200 millions), dans les budgets en santé physique (200 millions), en santé publique (5 millions), en services optométriques (3,7 millions), en services pharmaceutiques et de médicaments (7 millions).

Un maigre 1,2 %

Québec limite à 1,2 % la croissance de ses dépenses de programmes pour 2015-2016. À titre comparatif, alors que bien des compressions ont suscité la grogne dans la dernière année, ces dépenses ont bondi de 2,1 % en 2014-2015. Elles se sont élevées à 65,7 milliards cette année-là et passent à 66,46 milliards pour 2015-2016, une hausse de 760 millions. Une bonne part de cette augmentation - 450 millions - s'explique par la création d'un fonds de suppléance au Trésor pour éponger les imprévus et financer certaines mesures budgétaires. À part la Santé (1,4 %) et l'Éducation (0,2 %), les dépenses des autres ministères augmentent globalement de 1,6 %.

Des coupes à la SQ, à Télé-Québec et dans les délégations

Les budgets de la Culture, de la Justice et des Relations internationales augmentent, celui de la Sécurité publique est gelé, mais ces décisions cachent des compressions. Télé-Québec voit son budget diminuer de 2,4 millions de dollars.

Il y a des coupes de 6 millions à la SODEC. La Sûreté du Québec devra faire face à des coupes de 12,8 millions. Québec sabrera son réseau de délégations afin de faire des économies de 2 millions en 2015-2016 et de 8 millions l'année suivante. Il vendra également des résidences qu'il détient ailleurs dans le monde. À la Justice, on coupe de 30 % - 3,2 millions - le budget lié à la condition féminine. Il y aura en effet «révision» du plan d'action 2011-2015 pour l'égalité entre les hommes et les femmes.

Des effectifs en baisse

Pour la première fois depuis longtemps, le nombre de fonctionnaires a diminué cette année. Ils sont maintenant 64 167 «équivalents temps complet» à travailler dans les ministères et organismes. C'est une baisse de 1162 ETC en un an - 1,8 % des effectifs. Québec est donc près de son objectif de 2 % annoncé à la fin de l'année dernière. Il demande maintenant aux ministères d'atteindre une réduction de 3 % d'ici mars 2016.

«La marge de 1 % ainsi dégagée sera allouée en cours d'année en fonction des priorités», dit-il. Rappelons que l'État compte au total 540 000 employés. Le deuxième budget Leitao a été conçu en tenant pour acquis un gel des salaires pour la prochaine année, comme le prévoit l'offre faite aux syndicats dans le cadre du renouvellement des conventions collectives. Rappelons que Québec veut limiter les hausses salariales à 3 % en cinq ans - deux ans de gel puis trois années à 1 %.

Immigration: une réforme dans les cartons

QUÉBEC - Le gouvernement Couillard proposera bientôt une réforme du système de l'immigration pour faire en sorte que les nouveaux arrivants s'intègrent mieux au marché du travail, a indiqué le ministre des Finances Carlos Leitao lors du dépôt de son budget, jeudi.

Québec a prévu une enveloppe de 22,5 millions de dollars sur trois ans pour mettre en oeuvre la nouvelle politique. Le ministre, lui-même né au Portugal, a noté que le taux de chômage est beaucoup plus élevé chez les néo-Québécois que dans l'ensemble de la population. Plusieurs «obstacles», comme la reconnaissance des diplômes, les empêchent d'intégrer le marché du travail, déplore-t-il.

«Du côté des entreprises, c'est très important d'avoir accès à des travailleurs formés, capables de remplir les emplois, a expliqué M. Leitao. Nous avons un choc démographique important au Québec. La disponibilité de la main-d'oeuvre est absolument nécessaire pour qu'on puisse améliorer notre efficacité et notre productivité.»

- Martin Croteau