Les grands festivals du Québec perdent de l'argent.

En 2013, les 25 plus grands festivals au Québec ont perdu en moyenne 87 647$ par événement (après amortissement), soit une marge de pertes équivalant à 1,1% du budget. Ces chiffres proviennent d'un rapport de KPMG commandé par le Regroupement des événements majeurs internationaux (RÉMI) qui sera dévoilé ce matin. La Presse Affaires a obtenu des extraits du rapport.

Il s'agit de la première fois que le RÉMI dévoile publiquement les états financiers consolidés de ses membres, qui comprennent tous les grands festivals comme le Festival international de jazz de Montréal, le Festival d'été de Québec et le festival Juste pour rire. En 2011, les 25 grands festivals ont fait des profits de 38 998$ par événement. Les profits ont diminué à 15 982$ par événement en 2012 avant de plonger dans le rouge en 2013.

En conférence de presse ce matin, le RÉMI proposera de nouvelles sources de financement gouvernemental pour les grands festivals du Québec. Il veut aussi abolir les plafonds des programmes de subventions actuels, qui «créent un désincitatif à la croissance et à l'entrepreneuriat pour les plus gros événements».

Afin de réaliser ces calculs, la firme KPMG, qui a préparé le rapport pour le compte du RÉMI, a exclu 2 des 27 membres du Regroupement car leurs résultats représentaient des valeurs extrêmes. À titre d'exemple, la Coupe Rogers a été exclue en raison de ses profits importants (13 millions à Montréal en 2013) qui sont ensuite réinvestis dans les autres programmes de Tennis Canada, propriétaire du tournoi. La grande majorité des membres du RÉMI sont des organismes sans but lucratif. Ceux-ci ont toutefois la plupart du temps recours au secteur privé pour gérer l'événement.

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L'ÉTUDE EN CINQ POINTS

Une part des subventions qui diminue

En 2013, les subventions gouvernementales constituaient en moyenne 16,0% du budget des membres du RÉMI contre 18% en 2012, 20% en 2011 et 24% en 2010 (la dernière année d'un programme fédéral temporaire de subventions des grands festivals mis sur pied durant la dernière récession). En plus des subventions, les grands festivals bénéficient toutefois de commandites des sociétés d'État, qui constituent en moyenne 5,2% de leur budget en 2013.

41,2 millions en retombées fiscales à Québec...

Selon les calculs du RÉMI (qui a en fait mis à jour son étude de 2010 en se basant sur l'achalandage de 2013), les 27 grands festivals ont généré des retombées fiscales de 41,2 millions pour le gouvernement du Québec (en excluant la parafiscalité comme le Fonds des services de santé ou la Régie des rentes), soit 35,2 millions pour les dépenses touristiques et 6,0 millions pour les dépenses d'exploitation des événements eux-mêmes. Québec a attribué 16,6 millions en subventions à ces événements.

... et 23,4 millions à Ottawa

Le gouvernement fédéral a attribué 9,1 millions aux grands festivals québécois, qui ont généré 23,4 millions de retombées fiscales au gouvernement fédéral, soit 19,1 millions découlant des dépenses touristiques et 4,3 millions, des dépenses d'exploitation des événements.

Retombées touristiques de 202,3 millions

En 2013, les 27 événements du RÉMI ont attiré un total de 4,8 millions de visiteurs uniques, dont 1,1 million de touristes; 58,4% des touristes proviennent des autres régions du Québec, 16,2%, des autres provinces canadiennes, 10,9%, des États-Unis et 14,5%, des autres pays. Les dépenses touristiques ont généré des retombées économiques de 202,3 millions. Au total, le RÉMI estime l'impact de ses 27 grands festivals sur l'économie du Québec à 362,1 millions: 202,3 millions attribuables aux dépenses touristiques et 159,8 millions, aux dépenses d'exploitation des événements eux-mêmes.

Les grands festivals contre les autres industries culturelles

Parmi les différentes industries culturelles, les grands festivals sont ceux qui reçoivent la plus faible proportion de subventions au prorata de leur budget.