L'idée de pratiquer ses activités de lobbyisme à visière levée fait de plus en plus son chemin au Québec, et ce, aussi dans l'industrie de la construction.

Le Commissaire au lobbyisme rapporte en effet une hausse notable des inscriptions au registre des lobbyistes, encore récemment.

Ainsi, au 31 décembre dernier, 5283 lobbyistes détenaient un mandat qui était en cours de réalisation, comparativement à 4844 le 5 octobre précédent. Il s'agit d'une hausse de 9% en moins de trois mois, a souligné en entrevue avec La Presse Canadienne le porte-parole du Commissaire au lobbyisme, Daniel Labonté.

De ce total de 5283 lobbyistes qui avaient un mandat en cours, la majorité, soit 3526, étaient des lobbyistes d'entreprise. De même, 1374 étaient lobbyistes pour une organisation et 383 étaient des lobbyistes-conseil qui exercent leurs activités pour le compte de clients desquels ils obtiennent un mandat.

Lorsqu'il avait témoigné devant la Commission Charbonneau, en octobre dernier, le commissaire au lobbyisme, Me François Casgrain, avait déploré le fait que les entreprises de construction étaient très réticentes à s'inscrire au registre des lobbyistes. Il avait alors précisé que 240 entreprises ou organisations étaient inscrites au registre en ayant indiqué la construction comme domaine d'activité de lobbyisme.

Or, il y a eu une progression notable depuis le témoignage du commissaire au lobbyisme. M. Labonté rapporte qu'elles sont maintenant 296 entreprises ou organisations à avoir rapporté la construction comme domaine d'activité de lobbyisme, soit 56 de plus en peu de temps.

M. Labonté avance plusieurs motifs pour expliquer l'ensemble de ces hausses, parmi lesquels les nombreuses activités de sensibilisation et de formation qui ont été tenues au cours des derniers mois. Dans le domaine de la construction, par exemple, des séances d'information ont été organisées auprès d'organisations comme l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec (APCHQ) et l'Association de la construction du Québec (ACQ), rapporte M. Labonté.

Et à l'autre bout de la lorgnette, ceux à qui ces activités de lobbyisme sont destinées - comme les titulaires de charges publiques - s'assurent davantage que le tout soit fait selon les règles et à visière levée.

«Il y a davantage d'institutions publiques qui s'assurent que les lobbyistes qui interviennent auprès d'elles soient inscrits, par toutes sortes de mesures. Ça peut être des politiques de gestion contractuelle, ça peut être des politiques internes. Donc, ils font développer le réflexe aux TCP (Titulaires de charges publiques) que lorsqu'ils sont dans une situation d'activité de lobbyisme, ils demandent, ils s'assurent que la personne en face d'eux soit inscrite ou en voie de le devenir», explique M. Labonté.

De même, il note que les activités de vérifications, d'enquête et de contrôle ont contribué aux hausses d'inscriptions qui ont été enregistrées.

Il croit également que les audiences de la Commission Charbonneau ont provoqué une prise de conscience chez des gens et ont pu contribuer à faire augmenter le nombre d'inscriptions au registre. «Ça a joué au niveau de la sensibilisation, bien sûr. J'accompagne souvent le commissaire dans les tournées, où on fait des formations, et ce sont des commentaires qu'on entendait souvent: «ah oui, la Commission Charbonneau'. Alors, ça a créé un momentum», conclut M. Labonté.

Interrogé à savoir si ces hausses du nombre de lobbyistes constituent une bonne nouvelle pour la démocratie, M. Labonté dit croire que oui. «Le commissaire répond en général que c'est une bonne nouvelle, oui», puisque ces gens s'inscrivent dans un registre, donc exercent leurs activités ouvertement. Mais «le commissaire dit qu'il reste toujours du travail à faire sur le terrain, parce qu'il y a encore beaucoup d'activités de lobbyisme qui se font sans être inscrites au registre. Donc, le commissaire poursuit son travail de contrôle, de surveillance, de sensibilisation, de formation en ce sens», explique M. Labonté.