La Coop fédérée fait le pari des régions pour assurer sa croissance et achète l'ensemble du Groupe BMR, devenant ainsi le deuxième plus gros joueur dans le marché québécois de la quincaillerie et des matériaux de construction.

«C'est vraiment un virage pour nous», a indiqué en entrevue avec La Presse Canadienne Gaétan Desroches, chef de la direction de la Coop fédérée.

«Avant, nous étions un petit joueur et là, on devient un joueur d'importance, ce qui peut nous permettre la prochaine croissance dans la quincaillerie et les matériaux», a-t-il ajouté.

Selon M. Desroches, la transaction s'inscrit dans la volonté des membres de rapprocher la croissance de leur entreprise coopérative de leur propre espace d'activité économique, c'est-à-dire en région.

«Avec tous les villages qui ferment parce qu'il y a une concentration agricole, nos coopératives nous ont demandé de trouver des vecteurs de croissance. Un des vecteurs de croissance qui a été identifié dans la planification stratégique, c'était le commerce de détail en région. C'est pour cela qu'on a décidé de croître dans ce secteur d'activité», a-t-il expliqué.

La Coop fédérée possédait déjà une participation minoritaire dans Groupe BMR, acquise en novembre 2013, et elle a donc annoncé jeudi le rachat de l'ensemble des parts restantes pour une somme qui n'a pas été rendue publique.

La Coop fédérée exploite déjà la chaîne de quincailleries Unimat et l'acquisition de BMR lui permet de consolider sa position en lui donnant au total quelque 350 centres de rénovation et quincailleries au Québec seulement.

Le Groupe BMR est aussi présent en Ontario, dans les provinces maritimes et aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon. Ses ventes annuelles sont évaluées à plus de 1,4 milliard $ et il embauche quelque 5000 personnes dans ses magasins.

Pas de mises à pied

Les deux chaînes conserveront chacune leur bannière respective, mais mettront en commun les services administratifs, une opération qui, selon Gaétan Desroches, ne devrait pas se traduire par des compressions de personnel.

«Ça nous permet d'aller capturer toutes les synergies au point de vue de l'administration, des technologies de l'information, des communications, des ressources humaines, des fonds de pension, des assurances», a-t-il dit.

«Il n'y aura pas de mises à pied. C'est vraiment une mise à niveau des systèmes pour être plus performants pour préparer la prochaine croissance.»

Cette croissance, impossible pour Unimat seule, pourra désormais se poursuivre dans le reste du Canada, où les autres divisions de la Coop fédérée ont amorcé leur implantation.

«À court terme, ce qui nous intéresse, c'est le Canada. Dans l'Ouest canadien, nous sommes très peu présents et nous envisageons d'y être davantage dans un horizon de 10 ans», a-t-il précisé.

L'acquisition permet également à la division du commerce de détail, qui comprend la pétrolière Sonic en plus des deux bannières de quincaillerie, de rejoindre les deux autres divisions de la Coop avec un chiffre d'affaires qui atteindra les 2 milliards $, ce qui équivaut à peu de choses près au chiffre d'affaires de chacune des deux autres divisions, soit celle des viandes (qui regroupe Olymel, Flamingo et Lafleur) et celle de l'agriculture, qui chapeaute les activités des coopératives agricoles.

La Coop fédérée est la plus importante organisation agroalimentaire au Québec. Elle est la propriété de plus de 100 000 membres regroupés au sein de 97 coopératives réparties dans plusieurs provinces canadiennes.

Sans compter le Groupe BMR, la Coop emploie près de 10 000 personnes et son chiffre d'affaires s'élève à 5,2 milliards $, mais ces chiffres se gonflent à près de 16 000 employés et un chiffre d'affaires total de 8,3 milliards $ lorsqu'on y ajoute ses coopératives affiliées.