Il y a des signes qui ne trompent pas lorsqu'on met le pied au Petit Medley, ces jours-ci. Des 17 pompes à bière que compte son bar, seulement une partie est toujours en fonction.

Et Jamil Azzaoui ne s'en cache pas: à moins qu'il ne passe le flambeau à un acheteur d'ici à la fin du mois, le Petit Medley cessera ses activités le 31 janvier. «Les bars, ce sont de grosses machines qui demandent une présence sept jours sur sept. Je n'ai plus le goût et l'énergie qu'il faut pour les gérer», explique Jamil Azzaoui.

Une baisse de la fréquentation et un partenariat d'affaires devenu difficile motiveraient aussi son geste.

Selon lui, l'établissement risque de perdre sa vocation de bar sitôt la fermeture officialisée - un restaurateur voisin aurait l'oeil sur son permis d'alcool.

Audace

Il fallait une certaine audace pour ouvrir, il y a 14 ans, un bar au coin des rues Bellechasse et Saint-Hubert, se souvient celui que tous appellent simplement Jamil.

«Quand je suis arrivé sur la Plaza, il y avait 75 locaux vacants, dont 35 dans le segment de rue où je me trouve, raconte-t-il. C'était une zone sinistrée.»

Grâce notamment à ses mardis de danse swing et à ses soirées «French Kiss», le bar s'est peu à peu bâti une réputation enviable et est devenu un jalon incontournable de la vie nocturne de la rue Saint-Hubert.

Sa petite salle de spectacle, au deuxième étage, a aussi attiré son lot de visiteurs, tantôt pour un concert intime, tantôt pour un match d'improvisation.

Mais le paysage de la Plaza Saint-Hubert a changé, depuis. Jamil a d'ailleurs activement contribué à cela, notamment à titre de président de la Société de développement commercial (SDC) Plaza Saint-Hubert durant quelques années.

Il y a aussi ouvert un second établissement en 2007, le Gainzbar, duquel il prévoit se retirer également.

Celui-là, par contre, maintiendra ses activités.

Un retour aux sources

Avec tout le temps qu'il aura maintenant à sa disposition, Jamil prévoit réintégrer le milieu de la chanson.

«Je redeviens un artiste», lance-t-il, le sourire dans la voix.

En plus d'écrire pour d'autres interprètes, il prévoit un spectacle solo qu'il présentera en France l'année prochaine.

Cette marche vers les planches l'effraie toutefois. C'est que Jamil se remet toujours du double AVC qui l'a terrassé en 2009, et qui l'empêche depuis de s'accompagner à la guitare avec fluidité.

«Les médecins me disaient que je ne pourrais plus jouer, mais, présentement, je suis capable d'enchaîner des accords dans le tempo, dit-il. Ça me demande beaucoup de courage, tout ça, mais je devrais y arriver.»

D'ici là, c'est avec un pincement au coeur qu'il voit approcher le 31 janvier.

Le Petit Medley, en chiffres

> Année de fondation: 2000

> Nombre d'employés: 35

> Copropriétaires: Jamil Azzaoui et Didier Dumont