La baisse du prix du pétrole a fait chuter la confiance des chefs de PME au Canada sans faire ressentir ses bienfaits dans les trois principales provinces consommatrices de pétrole que sont le Québec, l'Ontario et la Colombie-Britannique.

À l'échelle canadienne, l'indice du Baromètre des affaires de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) a cédé 4 points en décembre pour clôturer l'année à 61,9. «Les chefs d'entreprise des régions productrices de pétrole sont particulièrement inquiets devant la chute vertigineuse du prix du baril», écrit la FCEI dans un communiqué paru le 30 décembre. La FCEI compte 109 000 membres au pays, dont 24 000 au Québec.

Au Québec, l'indice est resté faible, soit sous la barre des 60 points, pour le troisième mois consécutif. À 58,2, l'indice québécois est l'un des plus bas au pays avec celui de la Saskatchewan, province productrice de pétrole, qui est à 56.

Cette contre-performance québécoise perdure depuis le premier trimestre 2013, date à laquelle on a observé un décrochage entre l'indice québécois et l'indice canadien. En temps normal, les deux indices fluctuent en symbiose, souligne Simon Gaudreault, économiste principal de la FCEI.

Pas d'effet Couillard

Un gouvernement libéral est généralement perçu comme plus favorable aux entreprises qu'un gouvernement péquiste. L'élection du libéral Philippe Couillard en avril 2014 n'a toutefois pas eu d'impact sur l'indice de confiance des patrons de PME au Québec. L'indice québécois n'a pas rattrapé le retard que l'on constate par rapport à l'indice canadien depuis le premier trimestre 2013 «indépendamment de la couleur du gouvernement», souligne l'économiste de la FCEI.

Du pétrole moins cher, est-ce bon pour le Québec?

Le Québec est un importateur de pétrole. En théorie, la baisse du prix du baril de pétrole, qui a fini lundi à son plus bas depuis mai 2009, à 53,61$ US le baril de sweet light crude (WTI), est une bonne chose pour les entreprises québécoises parce qu'elle réduit leurs coûts de fabrication et de transport. L'impact, cependant, n'est pas encore perceptible dans les réponses des chefs d'entreprise. «Pour le Québec, les données du baromètre sont une moyenne mobile de deux mois. Elles captent aussi le mois de novembre, où on n'avait pas encore observé la baisse», explique M. Gaudreault.

Sombres perspectives d'embauche

Les entrepreneurs qui prévoient faire des compressions de personnel au cours des trois prochains mois sont plus nombreux que ceux qui s'apprêtent à embaucher au cours de la même période. Au pays, seules deux autres provinces arrivent à un résultat semblable, soit Terre-Neuve et le Manitoba.

«Ça n'a pas été une belle année pour le marché du travail en 2014. Il y a une faiblesse du côté de la demande et il continue d'y avoir des contraintes d'offre. C'est difficile de trouver des travailleurs qualifiés», constate M. Gaudreault.

Méthodologie:

944 réponses recueillies auprès de membres de la FCEI dans le cadre d'un sondage internet. Les réponses ont été reçues jusqu'au 15 décembre. Les résultats sont exacts à +/- 3,2 points, 19 fois sur 20. À noter que pour les résultats du Québec, la FCEI présente les données sous la forme de moyennes mobiles sur deux mois.

Baromètre des Affaires FCEI pour le Québec*

Sommet: 71,9 (février 2011)

Plancher: 41,3 (mars 2009)

Il y a un an: 54,4

Décembre 2014: 58,2 (le plus faible au Canada avec celui de la Saskatchewan, qui est à 56)

* Au-dessus de 50: une majorité d'entrepreneurs s'attend à de meilleurs résultats dans les 12 prochains mois.

En bas de 50: une majorité d'entrepreneurs s'attend à des résultats plus faibles dans les 12 prochains mois.

Entre 65 et 70: l'économie réalise son plein potentiel de croissance.