En dépit de la dégringolade des prix du brut, les automobilistes québécois devront vraisemblablement subir une hausse du prix du litre d'essence l'an prochain puisqu'un plus grand nombre d'entreprises seront assujetties aux obligations plus strictes en matière d'émissions de gaz à effet de serre (GES).

La mise à jour économique du ministre des Finances Carlos Leitao a confirmé mardi que dès le 1er janvier, les distributeurs d'hydrocarbures seront soumis aux règles concernant la Bourse du carbone, ce qui devrait les inciter à refiler aux automobilistes l'augmentation des coûts reliés à cette mesure.

Si le gouvernement du Québec avait déjà évalué ces dispositions, il n'y avait jamais eu de confirmation quant au moment de leur application.

D'après Québec, cette décision devrait provoquer une augmentation de deux cents du litre d'essence, faisant ainsi gonfler de 26 $ la facture annuelle d'un propriétaire de petite automobile qui effectue environ 20 000 kilomètres. Ce montant pourrait toutefois atteindre 56 $ pour les propriétaires de grosses cylindrées.

«Le prix de l'essence a reculé de 40 pour cent, a nuancé mardi le ministre Leitao, en présentant sa mise à jour économique. La baisse représente près de 800 millions $ dans les poches des contribuables. C'est important pour notre économie. C'est l'équivalent d'une baisse d'impôt.»

À ses côtés, le ministre de l'Environnement, David Heurtel, a prévenu que ce n'était pas le gouvernement Couillard qui allait prendre la décision de faire grimper le prix du litre d'essence à la pompe, mais bien les distributeurs d'hydrocarbures.

«On ne peut pas prédire ce qu'un distributeur va faire quant à sa décision de transférer ou de ne pas le faire», a-t-il dit en point de presse.

M. Heurtel a expliqué que depuis 2012, près de 80 grands émetteurs industriels comme Rio Tinto Alcan et de grandes cimenteries figuraient sur la liste des entreprises assujetties aux règles sur la Bourse du carbone parce qu'ils émettaient annuellement plus de 25 000 tonnes de gaz à effet de serre (GES).

À compter du 1er janvier, cette liste devrait comprendre 125 entreprises - pétrolières, raffineurs, distributeurs et gazières - représentant quelque 85 pour cent des émissions de GES du Québec.

La cible de réduction des émissions de GES du Québec est ambitieuse, puisque la province s'est engagée à les diminuer de 20 pour cent d'ici 2020 par rapport au niveau de 1990.

Pour y arriver, le Québec a entre autres adopté en 2011 une réglementation sur le marché du carbone avant de mettre de l'avant, en 2013, le Système de plafonnement et d'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre du Québec (SPEDE) en collaboration avec la Californie.

En vertu de ce système, le gouvernement Couillard estime que les entreprises «plus performantes» pourront vendre leurs crédits d'émission de GES, ce qui devrait leur permettre de récupérer en partie leur investissement. De plus, les sociétés dont les émissions dépasseront leur seuil pourront acheter des droits ou investir dans des «technologies vertes».

Afin d'accompagner les entreprises, le gouvernement Couillard prévoit investir 350 millions $ au cours de cette période pour soutenir l'efficacité énergétique des PME (145 millions $), développer l'électrification et les technologies vertes (198,3 millions $) ainsi que dans la sensibilisation à la lutte contre les changements climatiques (6,7 millions $).

«Nous sommes conscients des défis que représente cette transition», a affirmé le ministre Leitao.

Les revenus tirés de la vente des unités d'émission du SPEDE d'ici 2020 sont estimés à plus de 2,7 milliards $. Cette somme devrait être versée au Fonds vert.

Jusqu'à maintenant, quatre ventes aux enchères visant uniquement les unités d'émissions de GES mises en circulation au Québec ont été tenues. Lest résultats de la première vente aux enchères conjointe entre le Québec et la Californie, qui a eu lieu le 25 novembre dernier, devraient être connus ce mercredi.