Après trois décennies de francophonie et 15 sommets, les relations économiques entre les pays sont toujours bien modestes. Le Québec se l'est fait rappeler, sans ménagement, vendredi, en marge de la réunion des pays francophones.

Pour Philippe Couillard, la francophonie doit désormais se tourner vers l'économie, sortir du sillon de ses réflexions habituelles liées à la langue et à la culture.

Au cours d'une journée fébrile où il s'est rendu inaugurer un nouveau pavillon «Québec» à l'Institut africain de management, M. Couillard a relevé l'importance du Québec dans la formation de la jeunesse africaine, sénégalaise en particulier. 

Quelque 5300 Sénégalais ont obtenu leur formation supérieure au Québec ou au Canada et ils étaient nombreux vendredi, jeunes diplômés de l'IAN, partenaire de l'Université du Québec à Chicoutimi et de l'Université Laval. Même le ministre du Sénégal Émergent, l'équivalent du Plan Nord pour Dakar, Abdou Aziz Tall a rappelé avec émotion sa formation aux HEC de Montréal.

À compter du Sommet de Dakar, les choses vont changer prédit Philippe Couillard. «Le développement économique est au coeur du nouveau message que la francophonie veut envoyer» observe le premier ministre. Il y a avec le Sénégal, des échanges dans le secteur minier, observe-t-il «mais il y a d'énormes possibilités de faire mieux... et plus» a-t-il ajouté.

«La francophonie a pris sa naissance autour de la langue des questions culturelles. Son administration s'est améliorée. Les changements ne surviennent jamais à la vitesse qu'on veut, qu'on soit ici à en discuter c'est bien» relève-t-il quand on lui rappelle les piètres résultats de la francophonie comme vecteur de développement économique.

Quelques minutes plus tôt, devant un parterre d'une centaine de gens d'affaires, réunis par la Chambre de commerce et d'industrie de Dakar, son président Mamadou Lamine Nyang avait sans hésité soulevé la faiblesse des relations économiques entre son pays et le Québec, deux joueurs importants pourtant de la francophonie.

«Les investissements canadiens, québécois en particuliers, sont pratiquement inexistants. Votre pays a beaucoup fait dans le domaine de la formation, la qualité de votre enseignement a fait que bon nombre de Sénégalais ont été formés dans des universités québécoises» d'observer le leader sénégalais «Cet effort que vous avez fait dans l'enseignement, nous souhaitons que vous puissiez le faire aussi pour accroître l'investissement québécois au Sénégal», a-t-il conclu.

Avec un produit national brut par habitant de moins de 1000 $ US, le Sénégal se dirige vers un important problème de chômage si un coup de barre n'est pas donné. La croissance économique de 3 à 4 % actuellement devrait monter à 7 % rapidement, les exportations devraient plus que doubler pour créer les 600 000 emplois nécessaires à cette population très jeune.