Le magnat de la construction déchu Tony Accurso n'est pas au bout de ses peines avec sa comparution devant la commission Charbonneau prévue en septembre. Il peut toutefois se réconforter en regardant la valeur de ses possessions à Terrebonne, qui a plus que doublé cette année.

Cette bande de terre encerclée de secteurs résidentiels a vu sa valeur foncière passer de 6,9 millions de dollars à 16,4 millions avec le dépôt d'un nouveau rôle d'évaluation municipale, le 1er janvier 2014. On parle d'une augmentation spectaculaire de 137%.

Ancienne pépinière

L'homme d'affaires controversé est devenu propriétaire en 2010 des terrains fort convoités de l'ancienne pépinière de la Ville de Montréal à Terrebonne.

Le zonage de ce terrain vacant de 120 hectares (ou le quart de la taille de L'Île-des-Soeurs) va bientôt passer du statut de conservation à un usage résidentiel sur 70% de sa superficie, confirme au téléphone la Ville de Terrebonne. La modification au règlement de zonage devrait être faite d'ici la fin de l'année.

Le terrain est situé près de la rivière des Mille Îles, au sud de l'autoroute 640, et est voisin du club de golf Des Moulins.

«Dans ce cas particulier, la hausse s'explique par l'entrée en vigueur du nouveau schéma d'aménagement de la MRC des Moulins, explique Joël Goulet, porte-parole de la Ville de Terrebonne. Il est clair que ce lot fait partie du vaste développement Urbanova et qu'éventuellement, il s'y fera du développement résidentiel. Même si le changement de zonage n'a pas encore eu lieu, poursuit-il, les évaluateurs en ont tenu compte dans leur évaluation.»

Le vaste projet Urbanova est l'un des plus grands projets résidentiels écoresponsables au Canada, soutient M. Goulet. Les terrains appartenant à M. Accurso représentent environ 10% de la superficie de ce projet qui permettra de loger 30 000 personnes au cours des 10 prochaines années.

Les valeurs explosent

Un second facteur qui a joué: les valeurs des transactions ont explosé dans le secteur. M. Goulet évoque un multiple de 10 en 10 ans.

La Ville de Montréal a vendu sa pépinière à Côte de Terrebonne, une société contrôlée par le Fonds de solidarité FTQ, en 2005 pour 2,43 millions, ou 19,5 cents le pied carré, sans appel d'offres. En décembre 2010, la journaliste Lynda Gyulai, du quotidien The Gazette, écrivait que la Ville avait refusé une offre légèrement supérieure à ce prix, 6 ans plus tôt, en 1999, à une période où le marché résidentiel était au point mort.

Le Fonds a par la suite vendu les actions de la société Côte de Terrebonne à Tony Accurso en 2010, lors du divorce entre le Fonds et l'entrepreneur prospère. Le prix de cette transaction n'a pas été divulgué.

«Il est clair que la Ville de Terrebonne aurait aimé pouvoir acquérir le terrain, mais des gens en ont décidé autrement», a dit M. Goulet.