Après avoir considéré des candidats externes, le Fonds de solidarité FTQ a finalement trouvé dans ses propres rangs son nouveau président et chef de la direction en confiant les rênes de l'institution à Gaétan Morin, l'actuel vice-président responsable du développement corporatif et des investissements au Fonds.

M. Morin, qui assume ses actuelles fonctions depuis 2012 et est à l'emploi du Fonds depuis 1989, remplace Yvon Bolduc, qui a quitté son poste le 31 mars dernier - avec une indemnité de départ de plus de 1,1 million $ - après avoir été éclaboussé par des révélations faites à la Commission Charbonneau.

Coprésidé par le président de la FTQ, Daniel Boyer, et Robert Parizeau, homme d'affaires et frère de l'ex-premier ministre Jacques Parizeau, le comité de sélection a rencontré 17 candidats avant de choisir M. Morin, dont la nomination a été confirmée jeudi.

«Certains diront qu'il (M. Morin) avait une longueur d'avance sur les candidats externes en raison de sa connaissance intime de l'organisation. C'est vrai, mais ça ne suffit pas pour devenir PDG», s'est défendu M. Parizeau.

Selon ce dernier, le nouveau PDG du Fonds était celui qui répondait le mieux aux six critères - parmi lesquels figuraient l'intégrité et l'éthique - identifiés par le comité de sélection, qui comptait cinq personnes, dont l'ex-ministre libéral des Finances Raymond Bachand, lui-même un ancien PDG du Fonds.

M. Morin avait par ailleurs témoigné devant la Commission Charbonneau, en octobre dernier. Des extraits de conversations entre ce dernier et l'ex-président de la FTQ Michel Arsenault concernant l'entreprise Carboneutre avaient notamment été diffusés.

Une lourde tâche attend M. Morin, qui devra poursuivre la refonte de la gouvernance annoncée par le Fonds en mars dernier en plus de rétablir la réputation de l'institution, éclaboussée par les révélations de la Commission Charbonneau.

«Nous avons passé au travers d'une tempête et nos employés ont trouvé cela difficile au cours des 12 derniers mois, a reconnu M. Morin. Il y a eu une évolution et je pense qu'il faut surtout moderniser le Fonds.»

Une des réformes mises de l'avant fait notamment en sorte que le président de la FTQ ne peut plus être simultanément le président du conseil d'administration du Fonds de solidarité. M. Boyer est ainsi remplacé par M. Parizeau, qui devrait demeurer en poste jusqu'en septembre 2015.

De plus, la FTQ ne nommera plus la majorité des administrateurs au conseil d'administration du Fonds de solidarité. Elle en nommait 10 sur 17 avant la réforme; elle en nommera désormais sept sur 19.

M. Morin a aussi rappelé qu'une ligne éthique avait été mise sur pied, ce qui permet aux employés de l'institution de signaler, de façon anonyme, des situations litigieuses à une firme externe.

«Il faut redonner à nos professionnels la capacité de prendre librement leurs décisions», a dit le nouveau PDG du Fonds, qui n'a pas caché son désir de tourner la page sur les récentes allégations ayant entaché la réputation du Fonds.

Si M. Morin a vanté le rendement de 7,4 pour cent du Fonds de solidarité FTQ pour le dernier exercice, il n'a pas caché que l'élimination progressive du crédit d'impôt fédéral de 15 pour cent pourrait nuire à l'institution à l'avenir.

«Ça changera un certain équilibre et malheureusement (...) nous serons obligés d'investir moins dans l'économie ainsi que dans les entreprises du Québec», a-t-il souligné.

Il a toutefois rappelé que le Fonds n'avait pas l'habitude de «lancer la serviette» facilement et qu'il avait l'intention de revenir à la charge prochainement auprès du nouveau ministre fédéral des Finances, Joe Oliver.

M. Morin a également l'intention de sensibiliser les partis d'opposition à Ottawa dans ce dossier puisque «l'on s'en va en élections l'an prochain».

La rémunération du nouveau président du Fonds sera différente de celle de son prédécesseur, dont le salaire annuel était de 566 000 $.

«Le salaire de base est plus élevé dans le cas de M. Morin mais nous avons limité les bénéfices de retraite», a souligné M. Parizeau, sans en dire davantage.

Créé en 1983 à la suite d'une grave crise économique et de milliers de pertes d'emplois, le Fonds de solidarité FTQ compte quelque 615 000 actionnaires en plus d'être partenaire de 2400 entreprises. Bon an mal an, il recueille environ 700 millions $ par année.

Le fonds de travailleurs dispose d'un actif d'environ 10 milliards $ pour stimuler le développement économique ainsi que maintenir ou créer des emplois.