La société d'État Investis-sement Québec a subi une chute considérable de son bénéfice à son plus récent exercice, chute qu'elle attribue surtout à des pertes accrues sur certains placements et aux mauvais résultats d'entreprises où elle détient des participations importantes.

En fait, à seulement 37,9 millions de dollars, comparativement à 101 millions un an plus tôt, le bénéfice d'Investissement Québec pour son exercice 2013-2014 est l'un des plus faibles depuis une décennie, constate-t-on dans son rapport annuel déposé au gouvernement.

Du coup, le rendement sur ses capitaux propres (l'avoir du gouvernement) a dégringolé de 4% l'an dernier à seulement 1,45%, sous la «cible annualisée» de 2%.

Pertes dans la pétrochimie

Le recul de 62% du bénéfice d'Investissement Québec est survenu malgré la hausse de 4,6% de son chiffre d'affaires, qui a atteint 477,3 millions en revenus et gains de placements, ainsi qu'en honoraires de financement des entreprises.

La cause d'une telle divergence négative des résultats se trouve surtout du côté des pertes importantes subies parmi un trio d'entreprises en pétrochimie dans lesquelles Investissement Québec détient 49% du capital-actions.

Ce trio, qui comprend ParaChem à Montréal et Cepsa Chimie à Bécancour et à Montréal, a généré une perte (en quote-part) de 5,2 millions aux états financiers de la société d'État, comparativement à un profit de 18,2 millions un an plus tôt. Aussi, Investissement Québec a radié pour 155 millions en valeur d'actif lié à ce trio d'entreprises.

Avec les pertes subies parmi les 16 autres entreprises qu'elle comptabilise comme des «participations significatives» ou «associées», Investissement Québec s'est retrouvé avec une perte imputable de 24 millions, comparativement à un bénéfice de 14,3 millions un an plus tôt.

Enfin, malgré des revenus financiers et de placement accrus, les pertes de valeur subies dans certains placements d'Investissement Québec ont suffi à faire reculer le résultat consolidé de tout son portefeuille.

À 126,2 millions, ce «résultat du portefeuille» pour l'exercice 2013-2014 est inférieur de 10% à celui obtenu un an plus tôt.

À la direction d'Investissement Québec, toutefois, on préfère vanter le niveau d'activités en financement d'entreprises et en recherche d'investissements.

On fait état de 1500 financements d'entreprise réalisés directement ou par le Fonds du développement économique, qui ont totalisé 2,1 milliards.

Investissement Québec dit aussi avoir contribué à la réalisation de 89 investissements étrangers, pour une valeur de 2 milliards.

Selon son PDG, Mario Albert, «en attirant un nombre record d'investissements étrangers, Investissement Québec réalise avec succès son mandat confié par le gouvernement».

Aussi, dit-il, «malgré une conjoncture difficile, Investissement Québec a poursuivi ses efforts pour soutenir financièrement les entreprises québécoises dans toutes les régions».

Deux millions parmi les hauts dirigeants

La rémunération des principaux dirigeants d'Investissement Québec demeure des plus élevées parmi la haute fonction publique de l'État québécois, constate-t-on dans son rapport annuel.

Pour l'exercice terminé le 31 mars, cette rémunération a totalisé 2 millions de dollars parmi les six principaux dirigeants de la société d'État.

À 333 000$ en moyenne, cette rémunération en salaire et primes s'avère deux fois plus élevé que celle versée directement aux ministres du gouvernement. Elle s'élève même jusqu'à 422 000$ par année pour le PDG d'Investissement Québec.

Investissement Québec en chiffres

(au 31 mars 2014)

> Chiffre d'affaires: 477,3 millions (+ 4,6% en un an)

> Bénéfice net: 37,9 millions (- 62%)

> Actif: 8,22 milliards (+ 10%)

> Passif: 5,54 milliards (+ 12,8%)

> Financements directs autorisés en 2013-2014: 1,01 milliard (+ 0,7%)

> Principaux engagements financiers directs en 2013-2014:

611 millions en prêts

170 millions en garanties diverses

131 millions en capital-risque

54 millions en capitaux directs d'entreprises

44 millions en subventions

Source : rapport annuel 2013-2014