L'embellie de l'économie après l'élection d'un gouvernement libéral n'est pas «instantanée», a temporisé ce matin le ministre des Finances après la publication de nouveaux chiffres de l'emploi, témoignant d'une économie plutôt morose.

À l'Assemblée nationale, le titulaire des Finances Carlos Leitao s'est dit déçu par ses chiffres, tout en soulignant qu'ils n'étaient pas totalement surprenants.

«Ça démontre que l'économie du Québec n'est pas encore en très bonne position», a-t-il convenu avant la période des questions. «C'est décevant, il y a beaucoup de pertes d'emplois dans le secteur manufacturier.»

Pendant la dernière campagne électorale, les troupes libérales avaient prédit que l'élection du gouvernement Couillard, fédéraliste, constituerait un coup de fouet pour les investissements privés. Or, il appert qu'il faudra attendre quelques mois avant de voir cet effet sur l'économie, a relativisé le ministre Leitao.

«Un effet libéral libéral instantané, ici sur la planète Terre, ça n'arrive pas», a-t-il laissé tomber. «Vous savez aussi bien que moi que les chiffres mensuels d'emploi sont extrêmement volatils. Nous sommes toujours convaincus qu'au deuxième semestre, on va graduellement commencer à voir l'effet.»

La décision de Québec de sabrer dans les crédits d'impôts met les entreprises québécoises dans une situation difficile, prévient l'ex-ministre des Finances Nicolas Marceau. «Toronto et Vancouver se frottent les mains ce matin parce qu'avec l'appui de la CAQ, le gouvernement libéral a décidé de couper de 20% les crédits d'impôt pour le multimédia et la production cinématographique. Plusieurs producteurs et grands noms de l'industrie ont été attirés au Québec par nos crédits d'impôt, ce qui a entraîné la création de milliers d'emplois à salaire élevé», a-t-il prévenu.

Pour le ministre Leitao, «ces entreprises vont maintenir leurs investissements au Québec. Il y a beaucoup d'autres avantages compétitifs au Québec: la main-d'oeuvre de qualité, la proximité des marchés mondiaux».

Pour le député caquiste de Johnson, André Lamontagne, les chiffres de l'emploi confirment que «le déclin tranquille du Québec se poursuit, puis ce n'est pas l'aura de l'élection libérale qui semble avoir changé la donne».

«On a une hausse du chômage à 8% puis on a une perte au net de 800 emplois. Mais le plus inquiétant, c'est 26 700 emplois à plein temps qui ont été perdus, dont 10 300 emplois dans le secteur privé» relève-t-il.

«Or, dans le budget de cette semaine, Québec prévoyait une création de 31 300 nouveaux emplois en 2014. Pour être clair, ça signifie qu'en date d'aujourd'hui le Québec prévoit créer plus de 60 000 emplois d'ici la fin de l'année!» de relever le caquiste, qualifiant de «mesurettes» les annonces du budget en faveur de l'emploi.

- Avec Denis Lessard