Le président et chef de la direction d'Alimentation Couche-Tard (T.ATD.B), Alain Bouchard, trouve inacceptable que le Québec continue à être «sur le BS» en recevant de la péréquation de la part du gouvernement fédéral.

L'entrepreneur de 65 ans y est allé de cette sortie mercredi - à une semaine du dépôt du budget du gouvernement Couillard - à l'occasion d'un événement organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

«Aimez-vous ça être sur le BS vous autres? a-t-il lancé au parterre de gens d'affaires réunis dans la salle. Ça n'a pas de maudite allure qu'on tolère ça, nous les Québécois, qui sommes si créatifs et capables de bâtir (...) qu'on accepte d'être sur le BS. Je trouve cela complètement ridicule.»

En 2014-2015, la province devrait recevoir la somme record de 9,3 milliards de dollars en paiements de péréquation de la part du gouvernement fédéral, soit plus de la moitié de l'enveloppe destinée aux provinces les moins bien nanties du Canada.

Le PDG du détaillant québécois, qui cédera les rênes de son entreprise en septembre, croit également que le Québec «dépense trop» depuis 40 ans, une situation qui, selon lui, est intolérable.

M. Bouchard - qui ne s'est pas adressé aux journalistes après l'événement organisé par la CCMM - a aussi interpellé le gouvernement du Québec pour qu'il cesse de gérer en se préoccupant des intérêts de groupes de pression.

«On laisse les groupuscules d'influence gérer pour nous, a-t-il dit. Nos gouvernements nous embarquent dans des situations impossibles et (ils) acceptent ça.»

Le PDG d'Alimentation Couche-Tard s'est également attardé aux gels de certains tarifs, dont ceux d'électricité, des garderies ainsi que des droits de scolarité, en affirmant qu'il s'agissait d'une «maladie».

M. Bouchard a également plaidé pour que l'enseignement de l'économie soit accentué au secondaire, ce qui pourrait stimuler la création d'entrepreneurs.

«C'est un minimum, a-t-il dit. Ma fille de 13 ans me demande des choses sur l'économie (...), comment ça se fait qu'ils ne montrent pas ça à l'école. Ça n'a pas de bon sens qu'on n'ait pas un minimum (d'économie) au secondaire, ça n'a juste pas de sens.»

D'après le PDG de Couche-Tard, cette stratégie pourrait se traduire par une plus grande création de richesse au Québec.

«La richesse, elle ne se crée pas par le gouvernement (...) elle se partage, pas toujours comme on aimerait, a dit M. Bouchard. J'aimerais moins de (présence du) gouvernement, moins de réglementation et plus d'aide aux entrepreneurs.»

M. Bouchard, qui demeurera président directeur du conseil d'administration de Couche-Tard après le mois de septembre, était invité par la CCMM entre autres pour raconter comment il avait transformé une petite entreprise québécoise en l'une des plus grandes chaînes de dépanneurs nord-américaines.

L'entreprise établie à Laval compte 6221 magasins en Amérique du Nord exploités sous les bannières Couche-Tard, Mac's et Circle K. En Europe, Couche-Tard compte aussi 2263 magasins Statoil Fuel & Retail à travers la Scandinavie, la Pologne, les pays baltiques ainsi que la Russie.

Hess trop coûteux

Le dossier de la vente la semaine dernière du réseau de dépanneurs et de stations-service de Hess sur la côte Est des États-Unis à Marathon Petrolum, pour 2,87 milliards $ US, a également été abordé par M. Bouchard.

Plusieurs analystes financiers estimaient que la société québécoise était intéressée notamment aux activités de détail de Hess, mais son PDG a dit que le prix était trop élevé pour Alimentation Couche-Tard.

«Nous avons été là, mais le retour (sur investissement) n'était plus là à la fin. Ça s'est payé encore quelques centaines de millions (de dollars) plus cher que le prix où (...) on s'est très étiré», a-t-il dit.

M. Bouchard a expliqué que la stratégie de l'entreprise n'était pas d'investir uniquement de façon stratégique.

«On peut accepter un retour sur investissement plus bas pour des questions stratégiques parce qu'on veut entrer dans un marché où nous ne sommes pas, mais (il ne faut pas aller) trop bas», a-t-il dit.

À compter du mois de septembre, M. Bouchard sera remplacé par l'actuel chef des opérations de Couche-Tard, Brian Hannasch, un Américain de 47 ans qui s'est joint à l'entreprise en 2001.

M. Bouchard, qui dit passer plus de 60 % de son temps à l'extérieur du Québec, estime que cette passation des pouvoirs lui permettra de réduire cette proportion à entre 30 et 40 %.

En après-midi, à la Bourse de Toronto, le titre d'Alimentation Couche-Tard gagnait 21 cents, à 29,27 $.