Déjà bien payés, les employés de succursales de la Société des alcools du Québec (SAQ) se servent volontiers du rabais de 40% consenti par leur employeur à l'achat de boissons alcooliques.

Alors que le principe d'accorder un généreux rabais aux employés de la SAQ avait soulevé la controverse à la fin de 2013, La Presse Affaires a pris connaissance, hier, des sommes en jeu.

Les ventes aux 8350 employés et retraités admissibles au rabais ont atteint 9,5 millions en 2012-2013. De cette somme, les participants paient réellement 5,7 millions, tandis que les rabais de 40% représentent des économies de 3,8 millions, non imposables.

Pour chaque participant au programme, les ventes atteignent 1138$ en moyenne. De ce montant, l'employé paie son vin 683$ et il bénéficie d'un rabais moyen de 455$.

À un prix moyen par bouteille de 15,86$, le rabais consenti permet à l'employé de se procurer gratuitement l'équivalent de 28 bouteilles dans l'année.

À titre comparatif, les Québécois de 15 ans et plus ont consommé en moyenne pour 443$ de vins et spiritueux en 2013, selon Statistique Canada.

Débat sur le sujet

Le sujet des rabais non imposables accordés aux employés suscite des débats. Le 26 novembre 2013, l'Assemblée nationale a même adopté à l'unanimité une motion exigeant «que les employés et retraités de la SAQ qui bénéficient d'un rabais sur leurs achats soient imposés».

La SAQ a répondu à la motion en soutenant que le traitement fiscal qui s'applique est semblable à celui de l'ensemble des contribuables.

Le généreux rabais n'est pas considéré comme un avantage imposable car le prix payé, après escompte, reste supérieur au prix coûtant du produit, soutient la société d'État. Sur ces ventes de 9,5 millions, la SAQ dit réaliser un bénéfice brut de 946 000$, beaucoup moins, évidemment, que sa marge bénéficiaire brute habituelle.

La SAQ compte environ 7700 employés. Le programme est ouvert aussi aux retraités, dont le nombre de participants est estimé à 650 par la société d'État.

Le montant des achats donnant droit au rabais de 40% est assujetti à un plafond. Par exemple, pour un commis-caissier, le montant maximal d'achats admissibles à un escompte totalise 1625$, pour un rabais d'au plus 650$ par an. Le montant des achats admissibles augmente pour les conseillers en vins, mais il est plus faible pour les retraités.

«Nos vendeurs et nos conseillers en vin parlent à la clientèle. C'est normal qu'on favorise la découverte de nos produits et l'approfondissement des connaissances pour qu'ils les retransmettent ensuite à la clientèle, explique le porte-parole Renaud Dugas. C'est une pratique courante dans le commerce de détail», ajoute-t-il.

Salaires généreux

Ce qu'on voit moins dans l'industrie, ce sont les salaires versés par la SAQ à son personnel en magasin. Un commis-caissier à temps partiel gagne autour de 18$ de l'heure dès sa première journée de travail, soit 74% de plus que le salaire minimum fixé à 10,35$.

Selon le Comité sectoriel de main-d'oeuvre du commerce de détail, le salaire hebdomadaire moyen dans l'industrie s'élève à 492$, et 15% des employés sont payés au salaire minimum. Toutefois, à la LCBO (la SAQ de l'Ontario), ils sont payés plus cher, soutient M. Dugas.

Devant être approuvé annuellement, le programme de rabais aux employés et retraités a été reconduit sans changement en 2014-2015, fait savoir le porte-parole de la SAQ.