Construit en mode partenariat public-privé, l'hôpital universitaire de la communauté anglophone de Montréal a été le théâtre du pire cas de corruption au Canada, a-t-on entendu à la commission Charbonneau. Qu'à cela ne tienne, l'économiste Marcel Boyer, un collaborateur de longue date de l'Institut économique de Montréal (IEDM), continue à réclamer davantage de PPP pour le bien du Québec.

M. Boyer a pris la parole dans le cadre d'une conférence organisée par l'Institut mercredi en compagnie de Nathalie Elgrably-Lévy. Ensemble, ils ont écrit le livre Réinventer le Québec - Douze chantiers à entreprendre, paru en mars dernier, dans lequel ils recommandent la multiplication des PPP dans le développement des infrastructures publiques.

Au terme de son allocution, M. Boyer a répondu à une question de l'animateur de la conférence à propos de la pertinence des PPP dans le contexte des révélations au sujet du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) à la commission Charbonneau.

M. Boyer, qui siégeait au conseil d'administration de l'Agence des partenariats public-privé, a répondu en rappelant les bons coups de l'Agence avec la réalisation de l'autoroute 30, le pont de l'autoroute 25 et la Maison symphonique. Des projets qui se sont déroulés sans anicroche, a-t-il soutenu.

Dans le cas du CUSM et du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), M. Boyer trouve qu'on montre du doigt l'Agence à tort, puisque l'organisme a cessé ses activités en juin 2009, soit avant l'octroi des contrats du CUSM et du CHUM. «L'Agence a été abolie en juin 2009, tandis que les contrats ont été octroyés au printemps 2010 dans le cas du CUSM et en 2011 dans le cas du CHUM», a-t-il dit.

Infrastructure Québec

Le gouvernement du Québec a remplacé à l'époque l'Agence des PPP par Infrastructure Québec. À sa tête, il a nommé Normand Bergeron, que l'on a vu à la commission Charbonneau, à la place de Pierre Lefebvre.

M. Bergeron a confié à la commission Charbonneau qu'il travaillait une journée par semaine sur ce dossier-là, qui était pourtant l'un des plus importants contrats de l'histoire du gouvernement du Québec, d'une valeur de 1,3 milliard!

D'après M. Boyer, l'Agence des PPP a été victime de son impopularité auprès de la haute fonction publique, des syndicats de la fonction publique et des entrepreneurs. «L'Agence n'était pas fautive, mais elle était impopulaire, car elle serrait la vis», a-t-il ajouté.

M. Boyer n'est toutefois pas revenu sur le rapport du vérificateur général de novembre 2009 qui a beaucoup contribué à discréditer le travail de l'Agence à l'époque. Le vérificateur, Renaud Lachance (maintenant commissaire à la commission Charbonneau), y soulignait le fait que l'Agence n'avait pas réussi à prouver la supériorité d'une réalisation des hôpitaux en mode PPP plutôt qu'en mode traditionnel.

Pour M. Boyer, le gouvernement doit revenir à une formule plus indépendante de l'appareil de l'État pour encadrer les prochains partenariats public-privé.