Le maire de Montréal, Denis Coderre, a encouragé mercredi les investisseurs français à renforcer «la francophonie économique» en venant s'établir dans la métropole du Québec, qui est aussi celle des jeux vidéos.

Reconnue mondialement dans le secteur des technologies de l'information et des communications (TIC), Montréal offre un «environnement propice» et constitue «une porte d'entrée exceptionnelle» en Amérique du Nord, un «carrefour d'affaires», a souligné M. Coderre, au cours d'une mission d'ordre économique à Paris.

Dans le même temps, le spécialiste français de systèmes d'information Astek annonçait l'implantation de son siège social nord-américain dans la grande région métropolitaine de Montréal et la création d'une centaine d'emplois d'ici trois ans.

Présente dans huit pays, Astek compte 2500 collaborateurs et réalise un chiffre d'affaires de 185 millions d'euros (276,3 millions $).

«La métropole québécoise se distingue grâce à un bassin de recherche R&D dynamique et une main-d'oeuvre hautement qualifiée, évoluant dans un environnement d'affaires innovant et compétitif», a expliqué Julien Gavaldon, le PDG de cette société française créée en 1988.

«L'an passé, près de 83% des investissements sont venus d'Europe» dont une grande partie dans l'économie numérique et informatique, alors que la moyenne est de l'ordre de 60% depuis 2007, a précisé le maire de Montréal à l'AFP.

L'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union Européenne, qui doit encore être ratifié par chacun des 28 États membres de l'UE et par le Parlement européen, «va créer des liens importants» et «avoir un impact majeur» pour l'Europe et l'Amérique du Nord, a-t-il souligné.

Le maire, élu en novembre, estime que les atouts de sa ville vont «amener son lot d'investisseurs supplémentaires à court terme».

D'autant que la métropole francophone attire aussi par ses mesures incitatives fiscales.

«On est beaucoup plus soutenu dans notre activité au Canada qu'en France», confie à l'AFP Laetitia Jaeck, la directrice générale adjointe d'Ankama, l'entreprise de création numérique qui a donné naissance au jeu vidéo Dofus il y a dix ans.

La société transmedia, dont le siège est à Roubaix (nord de la France), a fait le choix d'ouvrir un studio dans la métropole du Québec en juillet.

«Cela s'est fait très vite, en trois mois» avec deux salariés développeurs, explique Mme Jaeck. Aujourd'hui, Ankama y emploie une dizaine de personnes et s'est fixé comme objectif de parvenir à 50 salariés sur trois ans.

«Difficile d'être dans le jeu vidéo sans être à Montréal», résume la dirigeante de la société qui emploie 450 salariés en France et dont le chiffre d'affaires s'est élevé à 40 millions d'euros (60 millions $) en 2013.

Ainsi, la société a traversé l'Atlantique pour «bénéficier du vivier créatif qu'il y a à Montréal sur le jeu vidéo, s'ouvrir une porte sur le territoire nord-américain et profiter de l'avantage des mesures fiscales».

L'intérêt est mesurable: «des salariés qu'on va payer 20 à 30% plus cher qu'en France vont nous coûter 20 à 30% moins cher», fait observer Mme Jaeck.

Mais la décision «répondait aussi à une envie de nos salariés qui rêvent de s'installer à Montréal».

Les Français sont en effet 4000 à émigrer chaque année au Québec.

Ankama étudie une autre piste sur place : «il y a un crédit d'impôt très intéressant dans l'animation», indique la représentante d'Ankama, qui a décliné l'univers du jeu en version bande-dessinée, créé le dessin animé Wafku et se dirige vers le long-métrage.

L'industrie des TIC connaît une croissance du PIB deux fois plus rapide que l'économie du Grand Montréal dans son ensemble depuis maintenant dix ans, selon des données de Montréal International, l'agence de promotion et de démarchage économiques chargée d'attirer des investissements directs étrangers dans la région.

Le secteur représente plus de 93 000 emplois dans la métropole et regroupe 73% des emplois en TIC du Québec.