La firme d'ingénierie SNC-Lavalin (T.SNC) a consenti 14,7 millions en rémunération totale à ses principaux dirigeants en 2013.

Il s'agit d'un montant rehaussé de 1 million par rapport à celui de l'année précédente pour les fonctions comparables et qui avait été critiqué alors par des actionnaires mécontents des dérapages éthiques à la haute direction.

D'ailleurs, seul le poste de président et chef de la direction, occupé par l'Américain Robert Card depuis octobre 2012, n'a pas changé de titulaire durant l'exercice 2013, constate-t-on dans la circulaire de direction que SNC-Lavalin vient d'envoyer à ses actionnaires, en préparation de l'assemblée annuelle du 8 mai prochain au Palais des congrès de Montréal.

La circulaire confirme aussi que, dans leur contrat professionnel, les nouveaux hauts dirigeants de SNC-Lavalin ont obtenu l'inscription d'indemnités multimillionnaires en cas de «cessation d'emploi involontaire» à la suite d'un changement de contrôle de l'entreprise.

C'est ce que l'on désigne souvent comme des «parachutes dorés» parmi les hauts dirigeants de grandes entreprises qui, comme SNC-Lavalin, pourraient être la cible d'offres d'achat en raison de l'absence d'actionnaires de contrôle.

Chez le géant québécois de l'ingénierie, ces indemnités auraient totalisé 30 millions en fin d'exercice 2013, parmi 4 nouveaux hauts dirigeants.

De ce montant, au moins 13,6 millions seraient allés au président Robert Card et 7,1 millions, à Neil Bruce, son nouvel adjoint à la présidence de l'importante division des ressources et de l'environnement chez SNC-Lavalin.

D'ailleurs, depuis son embauche en janvier 2013, Neil Bruce s'est vite retrouvé au second rang des hauts dirigeants les mieux rémunérés chez SNC-Lavalin. Il a obtenu 3,3 millions en salaires et primes diverses durant ses 11 premiers mois de travail en 2013, lit-on dans la circulaire de direction.

Pour sa part, Robert Card s'est distancé au premier rang avec une rémunération totale évaluée à 5,63 millions pour l'exercice 2013. Ce montant comprend un salaire de base (934 633$) et diverses primes en actions (1,9 million de dollars) et en options d'achat d'actions (1,9 million de dollars).

Selon la nouvelle circulaire de direction, la rémunération totale de M. Card en 2013 aurait augmenté de 21% par rapport à celle qui lui avait été attribuée l'année précédente, soit 4,6 millions.

Toutefois, une relecture de la circulaire de l'an dernier montre une rémunération totale de M. Card qui était alors évaluée à 6,4 millions pour l'exercice 2012, lors de son embauche et ses premiers mois comme président et chef de la direction.

Selon SNC-Lavalin, la différence de 1,8 million entre ces 2 montants déclarés aux actionnaires, d'une année à l'autre, s'explique par un «redressement» à la baisse de la valeur des primes en actions et en titres liés qui avaient été attribuées à M. Card à son arrivée en poste en 2012.

Restaurer la réputation

Ce «redressement» a aussi été inscrit à la rémunération du président dans le contexte d'un exercice 2013 encore très compliqué chez SNC-Lavalin, qui doit restaurer sa réputation après des enquêtes et des accusations de corruption et de détournement de fonds dans divers contrats internationaux.

Les récents résultats annuels témoignaient d'ailleurs de ce défi encore difficile chez SNC-Lavalin: chiffre d'affaires réduit de 2%, à 7,9 milliards, bénéfice d'exploitation amputé de 44%, à 163 millions, bénéfice net divisé par 8, à 35,8 millions.

Et pour coiffer le tout, le carnet de commandes de SNC-Lavalin en fin d'exercice 2013 s'affichait en baisse annualisée de 18%, à 8,3 milliards. De ce montant, une part d'au moins 900 millions en contrats est considérée «problématique» pour sa valeur et sa rentabilité potentielles.