Les 345 000 travailleurs québécois au salaire minimum verront-ils leurs revenus augmenter au cours des cinq prochaines années?

Le PQ suivra la méthode actuelle du gouvernement pour déterminer ou non une hausse du salaire minimum, le PLQ, l'évolution du salaire minimum en Ontario, la CAQ, l'inflation, tandis que Québec solidaire propose une hausse importante (au moins 9%). Mais attention, hausser trop rapidement le salaire minimum peut avoir des effets pervers et créer du chômage, prévient un expert.

Et les relations de travail? Malgré l'arrivée de Pierre Karl Péladeau, qui a suggéré par le passé de modifier le Code du travail, le PQ dit ne pas avoir l'intention d'y toucher. «M. Péladeau a adhéré à la plateforme du parti et il a lui-même dit qu'il ne voulait pas faire de lobbying à l'interne pour faire des modifications au Code du travail», dit l'économiste Simon Prévost, candidat du PQ.

Parti québécois

1. Hausse du salaire minimum, le cas échéant, suivant la méthode de calcul actuelle des économistes du gouvernement du Québec.

«Il y a eu des hausses significatives de 0,45$ en 18 mois en vertu de la méthode de calcul du gouvernement, un modèle très bien calibré. Si on le hausse de façon trop draconienne, il y aura un impact sur les pertes d'emploi», dit Simon Prévost.

2. Pas de réforme du Code du travail prévue dans la plateforme.

«Le Code du travail fonctionne bien, il y a un équilibre dans les relations de travail au Québec», dit Simon Prévost.

3. Réforme des lois sur la santé et la sécurité au travail.

«Ces lois n'ont pas été révisées dans leur ensemble depuis 30 ans. Il y a des éléments à revoir en prévention et en indemnisation des travailleurs», dit Simon Prévost.

Parti libéral du Québec

1. Ajuster le salaire minimum en fonction de celui de l'Ontario (il sera de 10,35$ au Québec le 1er mai 2014, comparativement à 11,00$ le 1er juin 2014 en Ontario).

«Nous allons toujours nous assurer que le salaire minimum demeure légèrement inférieur à celui de l'Ontario pour plusieurs raisons, notamment la compétitivité de nos PME, dit l'économiste Carlos Leitao, candidat du PLQ. Nous nous engageons à regarder comment nous pouvons améliorer le revenu disponible des travailleurs au salaire minimum, sans nécessairement toucher uniquement au salaire minimum. Dans le passé, le gouvernement Charest avait notamment ajusté leurs crédits d'impôt.»

2. Statu quo pour le Code du travail.

Coalition avenir Québec

1. Hausser le salaire minimum chaque année au moins au niveau de l'inflation.

2. Modifier le Code du travail pour exiger un vote secret pour l'accréditation syndicale.

3. Modifier le Code du travail pour exiger des syndicats la divulgation de leurs états financiers.

«Le vote secret dérange les gens du milieu syndical, mais nous sommes en 2014 et l'intimidation n'est plus acceptable. Si le vote secret est bon dans un contexte électoral, c'est aussi bon dans un contexte syndical. Quant aux états financiers, la CSN les divulgue déjà de façon très détaillée. Si les autres syndicats faisaient comme la CSN, nous n'aurions pas besoin de changer la loi», dit Christian Dubé, candidat de la CAQ et ancien haut dirigeant de Cascades.

Québec solidaire

1. Hausser le salaire minimum afin qu'un travailleur atteigne le seuil de faible revenu en travaillant 40 heures par semaine (ex.: le salaire minimum de 10,35$ au 1er mai prochain aurait dû être à 11,24$ pour atteindre ce seuil en 2012, soit une hausse de 9%).

«La hausse du salaire minimum que nous proposons permet de faire sortir un grand nombre de personnes de la pauvreté. Les gens au salaire minimum font croître les économies locales, ils dépensent peu à l'étranger», dit Sébastien Bouchard, candidat dans Jean-Lesage.

2. Permettre la syndicalisation multipatronale, par exemple pour des entreprises d'une même rue commerciale ou d'un même centre commercial.

3. Hausse du nombre de congés dans le Code du travail et élargissement de l'équité salariale aux PME.

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L'AVIS D'UN EXPERT

«Il y a un débat à savoir si une hausse trop importante du salaire minimum stimule davantage l'économie ou génère davantage de chômage, dit François Delorme, économiste et professeur à l'Université de Sherbrooke. L'OCDE et le Fonds monétaire international estiment qu'un salaire minimum modéré de 30% à 40% du salaire moyen n'est pas nocif pour l'économie. Au Québec, le salaire minimum de 10,35$ constitue 45% du salaire horaire moyen de 23,25$ en février 2014. Nous nous situons donc dans le haut de la fourchette, et une hausse trop importante du salaire minimum risquerait de créer du chômage.»