Il y a trop d'immigrants au Québec, selon un répondant sur deux à un sondage CROP réalisé en février. Trop d'immigrants? Dans le milieu des affaires, on pense tout le contraire.

Il faut accueillir de 10 000 à 15 000 immigrants de plus au Québec par année, plaide la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Parce qu'ils peuvent nous aider à combler nos besoins en main-d'oeuvre, certes, mais aussi parce qu'ils peuvent nous donner la clé de nouveaux marchés.

En importation et en exportation, les immigrants peuvent nous être d'un précieux apport, signale Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. «Les immigrants sont capables de nous aider à développer des marchés pour des produits d'ici, comme ils peuvent voir quels produits de leurs pays d'origine il serait bon de mettre en marché.»

Et ça dépasse les simples biens matériels. M. Leblanc évoque par exemple cette femme d'affaires japonaise à la tête d'une firme-conseil située à Montréal qui accompagne des entreprises d'ici qui veulent brasser des affaires là-bas, dans le milieu du jeu.

«En contexte de mondialisation, nous aurons de plus en plus besoin de ces gens capables de nous servir de trait d'union, de passerelle, de "traducteurs culturels" qui pourront nous faire économiser beaucoup de temps en nous disant, par exemple, si le "oui" que l'on vient de se faire servir est un vrai "oui" ou un "oui" poli.»

Il faut souvent une certaine dose de courage pour mettre les voiles et repartir à zéro. Les immigrants sont donc souvent, par nature, des êtres plus débrouillards et à la fibre entrepreneuriale plus aiguisée que la moyenne, fait observer M. Leblanc.

Après avoir été beaucoup vu dans des créneaux précis - la restauration rapide, par exemple - , les immigrants parviendront de plus en plus à vivre du commerce international, prévoit-il.

Norma Kozhaya, économiste en chef et vice-présidente à la recherche au Conseil du patronat, croit aussi en l'importance d'attirer ici des immigrants qui ont le sens de l'entrepreneuriat ou qui sont déjà des gens d'affaires dans leur pays d'origine.

De façon générale, note-t-elle, les autorités ont d'ailleurs bien compris l'importance de recruter des immigrants qui sauront bien s'intégrer au marché du travail, que ce soit en créant leur propre emploi ou en comblant de réels besoins en main-d'oeuvre.

Certains programmes doivent cependant être peaufinés, dit-elle. «Le programme des immigrants investisseurs est souvent critiqué, par exemple, parce que les gens investissent ici mais qu'ils repartent aussitôt. Il faut chercher à mieux les intégrer ici.»

Il est tout aussi difficile de retenir les étudiants étrangers. Mais même quand ils repartent, tout n'est pas perdu, croit Mme Kozhaya. «Ils auront nécessairement créé des liens, des contacts d'affaires avec des gens d'ici.»