Dans le cadre de la campagne électorale, La Presse compare les propositions des quatre principaux partis politiques sur les enjeux économiques fondamentaux. Aujourd'hui, pour commencer cette série: l'aide aux entreprises. Résumé des propositions ainsi que l'avis d'un expert indépendant.

Le Parti québécois

Le programme électoral du PQ en matière d'aide aux entreprises? «Notre programme électoral est de mettre en oeuvre la Politique économique [déposée l'automne dernier]», dit le ministre des Finances du Québec, Nicolas Marceau.

1- Congé fiscal pour les investissements de plus de 200 millions.

Depuis l'automne dernier, le gouvernement Marois offre un congé fiscal sur des investissements d'au moins 200 millions dans des secteurs industriels comme le manufacturier et l'informatique. Le congé fiscal est de 15% de la valeur de l'investissement, sur 10 ans. L'objectif est d'attirer des investissements étrangers, par exemple le centre de données d'Ericsson à Vaudreuil-Dorion (1,2 milliard, création de 60 emplois et maintien de 1450 emplois) et l'usine de silicium de Fero Atlantica (375 millions).

2- Crédit d'impôt de 25% pour les technologies de l'information dans les PME manufacturières.

Parti libéral du Québec

Le PLQ ne propose pas de politique industrielle globale sur l'aide aux entreprises dans ses engagements électoraux. «Ce n'est pas qu'on ne va pas revoir l'ensemble de la fiscalité [dont les crédits d'impôt aux entreprises], mais notre priorité immédiate est la relance de l'économie», dit l'économiste Martin Coiteux, candidat du PLQ.

1- Crédit d'impôt de 150% sur les coûts de transports des PME.

Le PLQ a promis plusieurs mesures d'aide aux PME, notamment un crédit d'impôt de 150% sur les coûts de transport. «Il m'est arrivé de rencontrer des entreprises qui disent exporter dans l'État de New York et le New Jersey, mais ne pas être concurrentielles au-delà de ces États à cause des coûts de transport», dit Martin Coiteux.

2- Congé fiscal sur le gain en capital investi dans des entreprises en démarrage en technologies par un investisseur durant au moins 3 ans (investissement maximal de 150 000$).

Coalition avenir Québec

Le Projet Saint-Laurent, la politique proposée par la CAQ, remplacerait celle du gouvernement Marois. Québec investirait deux milliards sur quatre ans. La moitié du budget proviendra des sommes déjà prévues par le gouvernement Marois, l'autre moitié, d'un réaménagement des crédits d'impôt aux entreprises.

1- Annuler 450 millions en crédits d'impôt, puis en redistribuer la moitié.

En 2012, la CAQ proposait de réduire de moitié l'aide aux entreprises, soit de quatre à deux milliards par année. Cette fois-ci, la CAQ veut plutôt annuler 450 millions en crédits d'impôt par année tout en redistribuant la moitié de cette somme autrement aux entreprises. Les crédits d'impôt au multimédia et au jeu vidéo seraient notamment amputés de moitié. «Il y a déjà une masse critique d'emplois dans ces secteurs», dit le candidat Christian Dubé, porte-parole en matière d'économie.

2- Cent millions pour faire passer le nombre de zones d'innovation au Québec de 10 à 20.

Québec solidaire

Québec solidaire veut maintenir l'aide aux entreprises au niveau actuel - environ 4 milliards par année -, mais propose des modifications importantes quant aux bénéficiaires de cette aide gouvernementale.

1- Réduire «de façon substantielle» l'aide aux multinationales.

Québec solidaire souhaite transférer l'aide aux multinationales vers l'économie sociale comme les coopératives. «Les entreprises dont les profits sont intéressants n'ont pas besoin d'aide de l'État pour fructifier», dit Alexandre Leduc, candidat de Québec solidaire et conseiller syndical à l'Alliance de la fonction publique du Canada.

2- Électrification des transports.

«Il faut un gros coup de pouce de l'État en matière de réduction des gaz à effet de serre. L'objectif est de cesser l'utilisation du pétrole au Québec d'ici 2030», dit Alexandre Leduc. Québec solidaire propose notamment un monorail à grande vitesse qui pourrait faire le trajet Montréal-Québec en moins d'une heure et demie.

L'avis d'un expert

Jean-Michel Cousineau, professeur d'économie à l'Université de Montréal et président du comité des politiques publiques de l'Association des économistes québécois

«Comme les consommateurs sont trop endettés et que le gouvernement n'a presque plus de marge de manoeuvre pour relancer l'économie, il reste l'investissement privé et les exportations, notamment aux États-Unis qui profitent d'une relance. La politique industrielle du gouvernement du Québec pose les bons diagnostics, mais il y a beaucoup de mesures éparpillées. Le gouvernement doit faire tout ce qu'il peut pour augmenter les exportations aux États-Unis. Un crédit d'impôt pour améliorer les technologies de l'information dans les PME est tout à fait indiqué.»