Après une semaine de campagne mouvementée, pas un mot sur le candidat économique de l'heure, Pierre Karl Péladeau, au débat sur l'économie organisé hier par les milieux d'affaires au Complexe Desjardins, à Montréal. Mais le thème de l'indépendance du Québec était au rendez-vous. «L'identité et un référendum [...] vont dominer tous les autres débats dans cette vision [de l'économie] du Parti québécois», dit l'économiste Martin Coiteux, candidat du Parti libéral du Québec. Le ministre des Finances du Québec, Nicolas Marceau, aussi économiste, n'est pas inquiet même s'il veut «respecter le rythme des Québécois». «S'il était un pays, le Québec serait au 27e rang sur tous les pays [235] en matière de PIB par habitant, a-t-il indiqué en point de presse après le débat. Nous serions dans le top 12% du club des pays riches. Est-ce que c'est faisable? Bien sûr. M. Charest l'avait reconnu en 2006.» Résumé en quelques déclarations de ce débat à trois animé par Bernard Derome.

Le Québec vit-il selon ses moyens?

«On a les moyens des choix qu'on a faits. L'enjeu, c'est de parvenir à mieux gérer l'État, à livrer les services à un coût moindre.»

- Nicolas Marceau, Parti québécois

«Le panier de services est étendu, onéreux et incompatible avec nos revenus au coût actuel. Il y a des missions prioritaires qu'on doit absolument assumer. Pour financer nos priorités en éducation et en santé, on a l'intention de couper de façon responsable dans la bureaucratie inutile.»

- Martin Coiteux, Parti libéral du Québec

«Nous sommes définitivement au-dessus de nos moyens. Il faut se questionner sur notre modèle économique, qui a mal vieilli.»

- Christian Dubé, Coalition avenir Québec

Ce qu'ils ont dit

Nicolas Marceau, PQ: «Sous l'ancien gouvernement libéral, qui ne s'est jamais amendé, il n'y a jamais eu d'efforts de lutte contre la corruption. Ç'a été très dommageable pour l'économie et ça n'arrivera pas sous le PQ. Qui voulez-vous qui mette en oeuvre les recommandations de la commission Charbonneau? Poser la question, c'est y répondre.

«Nous voulons maintenir le panier de services. Nous y sommes attachés. Évidemment, on n'est pas dans le monde du grand développement pour les prochaines années. Le corollaire qui va avec ça, c'est une meilleure gestion [des coûts], une gestion rigoureuse. Ça ne peut pas aller ensemble avec le Parti libéral, qui a été incapable de contrôler les coûts.

«Nous avons choisi de ne pas augmenter les taxes et les impôts, ce qui nous distingue de l'ancien gouvernement libéral qui les avait trop augmentés, ce qui a freiné [notre économie].»

Martin Coiteux, PLQ: «Nous sommes très heureux que M. Marceau, après avoir menacé tout le monde d'impôts rétroactifs au début du mandat, se rallie à notre position que les Québécois sont surtaxés.

«Le problème numéro un par rapport à l'équilibre des finances publiques: nous représentons 20% du PIB du pays, 23% de la population et 27% des dépenses publiques. Nous ne voulons pas faire de coupures horizontales comme la CAQ ou des coupures cachées dans un cadre financier mal ficelé comme celui de M. Marceau.

«Le plan Zakaïb consiste à donner un fast track à 300 entreprises. Nous, le fast track est pour tout le Québec. [...] Avec le PQ, j'ai l'impression que me retrouver dans les années 70 où l'État décidait tout. Quand on choisit un gagnant, on choisit aussi un perdant. Nous voulons être neutres.»

Christian Dubé, CAQ: «Il m'apparaît clair que c'est à un nouveau groupe d'arriver avec de nouvelles idées. Les gens sont tannés, taxés. C'est une table qui tourne: les mêmes engagements, les mêmes programmes. Les gens savent tous que ces deux partis n'auront pas le courage de faire [les bons choix]. Nous devons donner aux contribuables un répit fiscal rapide et requestionner notre modèle économique durant notre mandat.

«Pour mieux gérer, nous voulons garder les effectifs de la fonction publique au niveau actuel. Il faut aussi regarder les façons de faire dans les dossiers d'achat, notamment le matériel informatique.

«Il faut travailler sur les dépenses. C'est beau, travailler sur les revenus, mais les Québécois en ont jusque-là: ils sont surtaxés depuis 10 ans. Ça prend du courage. Les gens le savent.»