Le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) comprend la volonté du gouvernement Marois de vouloir protéger les sièges sociaux de la province mais prévient qu'il s'agit d'un dossier délicat.

Michael Sabia estime que le rapport du Groupe de travail sur la protection des entreprises québécoises, dévoilé en même temps que le budget du ministre des Finances Nicolas Marceau la semaine dernière, est un «coffre d'outils» intéressant.

Il prévient cependant qu'il faudra être sélectif lorsque viendra le temps de mettre de l'avant certaines propositions du document.

«On ne peut pas continuer de traiter des entreprises comme des commodités vendues et achetées, a-t-il dit, mercredi, en marge du dévoilement des résultats annuels de la Caisse. Cela fait partie du modèle qui nous a amenés à 2008 (la crise financière).»

Influencé par la tentative ratée du géant américain de la rénovation Lowe's de mettre la main sur le quincaillier québécois Rona à la suite du rejet de son offre publique d'achat (OPA) non sollicitée, le gouvernement Marois avait confié à un comité, en juin 2013, le mandat de trouver de trouver des pistes de solution afin de retenir des sièges sociaux au Québec.

Le comité présidé par Claude Séguin, un haut dirigeant de CGI, propose trois recommandations.

La principale est de donner plus de pouvoir aux actionnaires qui possèdent leurs titres depuis plus de deux ans, ce qui leur permettrait ainsi de détenir deux droits de vote par action plutôt qu'un seul.

Estimant que le dossier de la protection des sièges sociaux soulevait une multitude de questions, M. Sabia a expliqué qu'il fallait trouver un «équilibre» dans le dossier des OPA hostiles qui pourraient viser certaines sociétés québécoises.

«C'est une question très large, a souligné le PDG de la Caisse. Nous avons besoin de plusieurs éléments pour développer une stratégie gagnante. Il faut toutefois faire attention pour ne pas aller trop loin.»

M. Sabia croit notamment qu'il n'est pas raisonnable pour certains actionnaires d'influencer l'avenir d'une entreprise uniquement en tenant compte de la possibilité de maximiser la valeur de leurs titres à court terme.

«Nous mettons l'accent sur l'importance du long terme parce que d'après moi, ce n'est pas raisonnable de déterminer l'avenir d'une société uniquement avec une perspective de maximiser son rendement à court terme», a-t-il expliqué.

«Les entreprises qui représentent les moteurs d'innovation sont trop importantes pour déterminer leur avenir sur la possibilité (des actionnaires) de maximiser leur rendement à court terme», a ajouté M. Sabia.

Ces commentaires du PDG de la Caisse surviennent au moment où Corporation minière Osisko demande à la Cour supérieure du Québec de bloquer l'OPA du géant aurifère canadien Goldcorp.

Selon M. Sabia, il faudra trouver un équilibre entre la perspective à long terme d'une entreprise et le respect du droit des actionnaires, qui peuvent disposer des titres qu'ils possèdent comme bon leur semble.

«C'est vraiment difficile de trouver exactement ce qu'il faut faire et c'est difficile de donner une réponse simple», a laissé tomber le président et chef de la direction de la Caisse, ajoutant que la préservation des sièges sociaux était un dossier qui ne concernait pas seulement le Québec et le Canada.

Selon le Groupe de travail sur la protection des entreprises québécoises, on comptait au Québec 578 sièges sociaux, dont 400 dans la région de Montréal, en 2011.

Le rapport avance qu'ils ont globalement généré plus de 5 milliards de dollars en activité économique en plus de fournir du travail à plus de 42 000 personnes.