Les élus manquent d'outils pour vérifier si les centaines de millions investis en santé, transports et dans les autres ministères permettent d'atteindre les objectifs visés, déplore Christian Dubé, de la Coalition avenir Québec (CAQ).

Selon lui, ce «manque de transparence» contrevient même à l'esprit de la Loi sur l'administration publique.

Lorsque les budgets sont adoptés, les parlementaires détiennent certaines informations sur les objectifs visés. C'est insuffisant, soutient M. Dubé. «Par exemple, quand les députés discutent du budget au ministère du Travail, il faudrait avoir non seulement les sommes dépensées, mais aussi savoir combien une augmentation de X millions de dollars doit faire changer le nombre de personnes sur le marché de l'emploi. Il faut dire où va l'argent et ce qu'il doit changer concrètement. À l'heure actuelle, on a seulement cette information quand les organismes publient leurs rapports de gestion, après la fin de l'année financière.»

S'inspirer de la gestion privée

Le genre de cible manquée dont il aurait voulu connaître tous les détails en amont: en santé, on visait un «séjour moyen sur une civière» d'une durée maximale de 12 heures. On a dépassé 17 heures lors des deux dernières années. On espère aussi que 70% des Québécois seront inscrits auprès d'un médecin de famille en GMF d'ici 2015. Le taux était de 62,4% l'année dernière, une modeste augmentation par rapport au 60,2% de l'année précédente.

M. Dubé, comptable et ancien vice-président de Cascades, voudrait ainsi que l'État s'inspire de la gestion dans l'entreprise privée. Il s'appuie sur un rapport publié en 2012 par Pierre Cliche, ancien fonctionnaire au Conseil du trésor et professeur à l'École nationale d'administration publique.

Il souhaite non seulement qu'on dévoile toutes les cibles au début de l'année, mais qu'on fasse aussi un suivi avec un tableau de bord trimestriel. Monopoliserait-on la machine étatique pour constamment colliger et présenter de telles informations? M. Dubé prétend que non. Il proposerait en contrepartie que le ministère des Finances du Québec, comme ceux des autres provinces canadiennes, ne dévoile ses résultats que de façon trimestrielle. Ils sont actuellement présentés chaque mois au Québec.

Le président du Conseil du trésor, Stéphane Bédard, qualifie ces propositions de «simplistes». Plusieurs documents publiés par son ministère détaillent les dépenses et les objectifs, rappelle-t-il, comme les plans annuels de gestion des dépenses, les rapports annuels des ministères et organismes et leurs plans stratégiques. «Il est donc faux de prétendre que les députés votent des crédits à l'aveugle», indique-t-on à son cabinet.

Il ajoute que les députés disposent de 200 heures en commission parlementaire pour étudier les crédits budgétaires et poser des questions.