Malgré ses énormes surplus, Hydro-Québec prévoit que son réseau ne suffira pas à répondre à la demande d'électricité encore cet hiver.

Ce déficit hivernal devrait même augmenter au cours des prochaines années, au point qu'Hydro songe à de nouvelles solutions pour réduire la demande de pointe, comme le débranchement à distance des chauffe-eaux de ses clients.

En attendant que la technologie avance, Hydro se contentera de déployer ses moyens traditionnels pour faire face à la pointe hivernale et aux besoins de chauffage des Québécois. La société d'État comptera surtout sur l'achat d'énergie aux réseaux voisins et sur l'énergie que pourront lui fournir ses gros clients industriels.

Selon le rapport soumis par Hydro aux organismes américains de surveillance NPCC et NERC, la société d'État a déjà conclu des ententes pour l'achat de 870 mégawatts de puissance en janvier et de 770 mégawatts en février sur les réseaux voisins.

Les gros clients industriels, y compris les alumineries, ont aussi accepté de revendre 1900 mégawatts à Hydro si le besoin s'en fait sentir. Ce rachat d'énergie coûte cher: entre 20 et 97 cents le kilowattheure, soit jusqu'à 10 fois plus cher que le prix de l'énergie éolienne. Il s'agit toutefois de l'option jugée la plus économique.

Hydro a jonglé avec la possibilité de s'entendre avec TransCanada Energy pour faire fonctionner la centrale au gaz naturel de Bécancour seulement pendant les grands froids. Cette solution n'a pas été retenue. La centrale est fermée depuis 2008 à cause des surplus d'électricité, et Hydro-Québec prévoit maintenant qu'elle n'en aura pas besoin d'ici la fin du contrat conclu avec TCE.

Les autres mesures prévues par Hydro pour aider son réseau à passer l'hiver sont la diminution de la tension sur le réseau, qui pourrait lui permettre de gagner 250 mégawatts, des importations ponctuelles des réseaux voisins et les appels à la réduction de la consommation de sa clientèle, qui sont maintenant devenus courants.

Si la période de forte demande se prolonge, Hydro peut aussi compter sur sa centrale au diesel de Bécancour, construite pour servir de relève en cas de panne électrique à la centrale nucléaire Gentilly-2.

Selon le rapport soumis par Hydro aux autorités américaines, le niveau d'eau dans les réservoirs est suffisant et le réseau est en bon état de fonctionnement.

La capacité totale de production est équivalente à celle de l'hiver dernier. La fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2 a été compensée par l'ajout de capacité éolienne et la mise en service d'un nouveau groupe de production à la centrale Sarcelle du projet Eastmain-1-A-Sarcelle-Rupert.

Cette année encore, Hydro prévoit que son réseau sera sollicité au maximum vers la troisième semaine de janvier. L'an dernier, la consommation d'électricité avait culminé le 23 janvier, à 18h. L'énergie nécessaire pour alimenter cette consommation avait alors atteint un maximum historique de 38 797 mégawatts. Il faisait alors -23 degrés à Montréal.

Cette année, Hydro prévoit un sommet un peu moins élevé, en raison de la baisse de la demande.

Quand on se compare, on se désole

Énergie requise lors de la pointe d'hiver 2013

> Provinces maritimes: 5431 mégawatts

> Nouvelle-Angleterre: 20 887 mégawatts

> New York: 24 658 mégawatts

> Ontario: 22 610 mégawatts

> Québec: 38 797 mégawatts

Source: Northeast Power Coordinating Council (NPCC)

La demande maximale d'électricité (en mégawatts)

2003-2004 : 36 268

2004-2005 : 34 956

2005-2006 : 33 636

2006-2007 : 36 251

2007-2008 : 35 352

2008-2009 : 37 230

2009-2010 : 34 659

2010-2011 : 37 717

2011-2012 : 35 481

2012-2013 : 38 797

Source: Hydro-Québec