Pendant que le Parti québécois (PQ) se réunit en conseil national pour parler d'économie, les nouveaux chiffres du ministère des Finances confirment que le déficit se creuse et que l'équilibre budgétaire apparaît de moins en moins réalisable pour cette année financière.

«On ne veut pas avoir des lunettes roses et dire qu'on va rattraper l'écart dans les prochains mois», a avoué le président du Conseil du trésor, Stéphane Bédard. Il faut être "réaliste", dit-il.

Le ministre des Finances, Nicolas Marceau, présentera à la fin novembre ou au début décembre sa mise à jour économique. On y trouvera le «portrait complet de la situation, l'ampleur du problème et les gestes qu'on choisit de poser ou de ne pas poser», annonce-t-il.

Les revenus autonomes sont plus faibles que prévu, ce qui «crée un écart important» à combler pour équilibrer le budget, reconnaît M. Bédard. 

Les trois objectifs formulés par les deux ministres: le contrôle des dépenses, de la dette et la croissance économique. Ils n'y incluent plus le déficit zéro.

M. Bédard assure qu'il ne nuira pas à la croissance économique en faisant des compressions additionnelles pour équilibrer les finances. «On va prendre des mesures pour stimuler les revenus. Mais ça ne se traduira pas par des coupures au niveau des services publics (...) Le milieu financier nous demande aussi de ne pas prendre de décision qui va nuire à la croissance économique», a-t-il expliqué. 

Le déficit se creuse

En date du 31 juillet, après quatre mois, le déficit pour 2013-14 s'élevait à 2,3 milliards. Il était de 1,8 milliard après trois mois.

L'explication est simple: moins de revenus que prévu, et plus de dépenses.

Les revenus autonomes (essentiellement les taxes et impôts des particuliers et entreprises) ont augmenté de seulement 0,6%. On misait sur une hausse des revenus 5,2%. La croissance économique anémique - elle a reculé lors du dernier trimestre - explique cette faible entrée d'argent.

M. Marceau explique «essentiellement» ce retard par le taux d'inflation «anémique»  qui limite la croissance économique. Les taxes et impôts versés au gouvernement sont donc «vraiment moins bons que prévu». «C'est un gros enjeu», avoue-t-il. 

Plus de dépenses que prévu

Le gouvernement péquiste a souvent indiqué que c'est en fonction du contrôle des dépenses  - qui n'est pas soumis aux humeurs de l'économie mondiale - qu'on doit juger sa performance. C'est aussi l'indicateur privilégié par les agences de crédit. Or, Québec échoue aussi à atteindre ces cibles. Les dépenses ont bondi de 4,3% dans les quatre premiers mois cette année. C'est plus que la cible, qui était de 1,9%.

«Les variations les plus importantes proviennent des missions Santé et services sociaux (303 millions de dollars) et Éducation et cultures (445 millions de dollars) et tiennent compte du versement des subventions conditionnelles de 242 millions de dollars octroyées aux universités. L'an dernier, ces subventions ont été effectuées en août. En excluant ce versement, la croissance des dépenses de programmes aurait été de 2,9 %», lit-on dans le document du ministère des Finances.

Le ministre Bédard se montre rassurant. Lorsque les prochains chiffres seront dévoilés, on verra que Québec «aura fait une performance extraordinaire». Des décaissements ont été faits à l'avance, mais Québec est «dans les projections prévues pour atteindre la cible de croissance de dépenses de 1,9%», assure-t-il. «On n'aura pas besoin de faire d'effort supplémentaire par rapport à ce qui était prévu.»

Ces chiffres s'observent même si Québec profite encore cette année d'un versement spécial du fédéral de 1,47 milliard pour l'harmonisation de la taxe de vente. Cette compensation financière, que le fédéral avait pendant plusieurs années refusé de remettre aux Québécois, est versée sur deux années.

«Alarmisme», dénonce Pauline Marois 

Dans son discours aux militants, la première ministre Pauline Marois a vanté sa nouvelle politique pour relancer l'économie et créer des emplois. Elle se décline en quatre axes: politique industrielle pour rendre les sociétés plus productives et vertes, politique nationale de la recherche et de l'innovation, politique de l'électrification des transports, et politique de solidarité.

Mme Marois a accusé l'opposition libérale et caquiste de tenir «des propos alarmistes qui créent de l'incertitude et qui font mal aux familles du Québec».